Une mauvaise alimentation chez les jeunes: des risques réels pour leur santé

Une mauvaise alimentation prédispose les jeunes à des risques réels : carences, obésité, diabète de type 2, etc. Deux pistes de solutions à l'étude : des mets rassasiants et l'autonomie des choix alimentaires.

 

Compte rendu de la conférence donnée par Vicky Drapeau, nutritionniste, chercheuse et professeure adjointe au Département d’éducation physique de l’Université Laval à Québec.

1. Mauvaise alimentation : la situation

Les habitudes alimentaires des jeunes les amènent souvent à manger trop peu de certains groupes alimentaires ou de certains nutriments et, inversement, à en manger d’autres de façon excessive.

« Les apports insuffisants concernent essentiellement les fruits et légumes, les produits laitiers et le calcium de même que les fibres. On peut aussi souligner que les jeunes ont tendance à négliger le petit-déjeuner. À l’opposé, leur alimentation présente souvent trop de sodium et de gras saturésprovenant de plats préparés et de la restauration rapide », expose Vicky Drapeau.

2. Mauvaise alimentation : les conséquences sur la santé physique et mentale

Les jeunes augmentent grandement leurs risques de souffrir non seulement de carences nutritionnelles, mais aussi :

  • de retard de croissance;
  • de troubles de développement cognitif et comportemental;
  • de carie dentaire;
  • d’obésité;
  • et de maladies chroniques.

3. Quelques effets d’une mauvaise alimentation

Carence en calcium et IMC

« Prenons le calcium. On sait qu’il a une influence certaine sur la croissance osseuse. Or, de plus en plus d’études démontrent qu’il a aussi un lien avec le poids et l’indice de masse corporelle (IMC). Ce qui veut dire que les jeunes ne consommant pas assez de calcium présenteraient aussi un pourcentage de gras plus élevé. Un apport insuffisant en calcium affecterait aussi le contrôle de l’appétit et donc inciterait à manger davantage », illustre la chercheuse.

Performances scolaires plus faibles

Plusieurs études de cohortes ont démontré des liens entre certains types ou modèles d’alimentation et des effets physiologiques. Entre autres, une alimentation pauvre en fruits et légumes et en produits laitiers, mais comportant une forte proportion d’aliments camelotes est associée à des performances scolaires plus faibles. « On peut penser qu’une telle alimentation, sans être une relation de cause à effet, peut influencer le développement cognitif et donc nuire aux performances scolaires », poursuit-elle.

Surpoids et obésité : des problèmes à court et à long terme

Une alimentation comprenant surtout des produits céréaliers raffinés – faibles en fibres et en grains entiers -, comme le pain blanc, ou contenant beaucoup d’aliments ayant un index glycémique élevé (riz blanc, pâtisseries, boissons sucrées, etc.) est fortement associée à des problèmes physiologiques comme l’obésité et le diabète de type 2.

L’obésité, même chez les jeunes, prédispose à de nombreux problèmes physiologiques, dont des problèmes pulmonaires (asthme, intolérance à l’effort), gastro-intestinaux, rénaux, musculosquelettiques, endocriniens, hormonaux, cardiovasculaires (hypertension artérielle) et neurologiques. Sans oublier les conséquences psychosociales, comme une faible estime de soi, une augmentation des symptômes de dépression et des problèmes de comportements alimentaires.

« Une alimentation inadéquate les expose à un type d’obésité encore plus nocif pour la santé, c'est-à-dire l’obésité abdominale que l’on appelle aussi syndrome métabolique. Il y a quelques années, ce problème touchait surtout les adultes. Maintenant, on le rencontre de plus en plus chez les jeunes, même aussi petits que 5 ou 6 ans », souligne Vicky Drapeau.

Le syndrome métabolique

  • tour de taille élevé
  • taux élevé de glucose (sucre) dans le sang
  • tension artérielle élevée
  • profil lipidique altéré

Il est notamment associé à l’augmentation des risques de diabète de type 2. Une étude publiée en 2010 fait état d’une prévalence mondiale de 10 % des jeunes avec un syndrome métabolique. Ceux ayant un surplus de poids ont 15 fois plus de risques d’en souffrir.

Concrètement, il y a maintenant des enfants qui souffrent de surpoids plus jeunes et qui sont exposés à ces facteurs de risque plus tôt dans leur vie.

« Des experts ont estimé que ces jeunes constituent la première génération qui aurait une espérance de vie moins grande que la génération de leurs parents. On estime même que l’espérance de vie des gens de la prochaine génération sera diminuée de 2 à 5 ans par rapport à leurs parents. Or, l’adoption de meilleures habitudes de vie, dont de meilleures habitudes alimentaires, pourrait renverser cette tendance; en partie du moins », assure la chercheuse.

4. Pistes de solution : menus rassasiants et autonomie des choix alimentaires

Vicky Drapeau a exploré deux pistes de solutions : la mise au point de mets rassasiants et le développement de l’autonomie des jeunes vis-à-vis de leurs choix alimentaires.

Des mets rassasiants : « pâtes à la carbonara » contre « sauté de poulet »

Les mets rassasiants regroupent une gamme de nutriments qui ont le potentiel d’augmenter la satiété ou de diminuer la prise alimentaire, du moins à court terme, à l’intérieur d’un même repas (par exemple : protéines, fibres, calcium, etc.).

L’équipe de Vicky Drapeau a demandé à un groupe de personnes de « tester » deux mets : un plat traditionnel de pâtes à la carbonara et un mets rassasiant, soit un sauté de poulet, tous deux ayant le même nombre de calories, c'est-à-dire 500 calories. Lorsque l’on a fait le bilan de la journée, le plat rassasiant a eu un effet positif en limitant naturellement la prise alimentaire totale, sans avoir eu recours à la restriction.

Un jeu incitatif pour faire de bons choix alimentaires : le Nutriathlon en milieu scolaire

Il s’agit d’un grand jeu basé sur des défis individuels et en équipe qui vise à augmenter la consommation des groupes alimentaires les plus boudés par les jeunes (fruits et légumes, produits laitiers), à introduire plus de variété dans leur alimentation et à développer leur autonomie quant à leurs choix alimentaires. L’objectif : inciter les jeunes à modifier leurs habitudes alimentaires sur une période de 8 semaines. L’équipe de Vicky Drapeau évalue actuellement l’efficacité de cette activité.

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ

Par Claudia Morissette pour Québec en Forme 

Pour en savoir davantage:

Sur Vicky Drapeau

Sur le Nutriathlon:

Influence du programme Nutriathlon sur la consommation de légumes et de fruits, et de produits laitiers chez les élèves du primaire

Le Nutriathlon en équipe

La présentation

 

Alimentation et santé des jeunes: quel avenir?

Voici un résumé de la Table ronde : quand le politique, le scientifique, le consommateur et l’industrie se rencontrent…

« C’est cette capacité à asseoir tout le monde autour d’une table qui pourra faire naître de nouvelles actions afin de faire évoluer la société », résume Bernard Fialaire, du Conseil général du Rhône (France).

Parmi les sujets discutés :

  • les coûts du traitement de l’obésité chez les jeunes;
  • le droit pour tous à une alimentation saine de qualité;
  • l’effort de l’industrie pour offrir des produits plus santé;
  • un changement de pratiques de la classe politique pour adopter une vision plus mobilisatrice.

Les participants à la table ronde :

  • François Décary-Gilardeau, ex-analyste agroalimentaire chez Option consommateurs;
  • Christine Demen-Meier, chercheuse et professeure à l’École hôtelière de Lausanne (Suisse), et directrice de la Chaire Food and Beverage financée par Danone, Unilever et Nestlé;
  • Bernard Fialaire, vice-président, Environnement et Santé, du Conseil général du Rhône et maire de Belleville (France);
  • Dre Linda Pinsonneault, professeure adjointe de clinique à l'Université de Sherbrooke et médecin-conseil à la Direction de la santé publique de la Montérégie.

Le point de vue de la santé : il faut plus de prévention contre l’obésité chez les jeunes

Les recherches de la Dre Linda Pinsonneault se sont intéressées aux traitements les plus efficaces contre l’obésité. Sans surprise, ce qui fonctionne le mieux ce sont les traitements qui combinent plusieurs approches : l’alimentation, l’activité physique, la modification de comportement, etc., et qui sont dispensés de façon intensive, soit une durée minimale de 26 heures en 6 mois.

Quant aux traitements plus « médicaux », la Dre Pinsonneault rappelle que l’orlistat est le seul médicament approuvé actuellement au Canada, mais il présente des effets secondaires très incommodants.

Ce que l’on voit aussi poindre, selon elle, c’est la chirurgie bariatrique à laquelle des jeunes ont maintenant recours, car le nombre d’adolescents souffrant d’une obésité grave et très grave semble être en augmentation et, dans ces cas, cela peut être une question de survie.

Au Québec, selon les différentes données de prévalence disponibles, on dénombrerait de 80 000 à 140 000 enfants obèses chez les 5 à 17 ans.

Ces chiffres, poursuit-elle, nous mettent devant des choix éthiques importants, notamment parce que cela représente un fardeau économique considérable pour notre système de santé.

En effet, selon une publication américaine récente, la prise en charge de chaque jeune représenterait environ 3000 $, excluant la chirurgie et la médication.

« Il faut réussir une prévention encore plus efficace pour qu’il y ait moins d’enfants qui en arrivent là », conclut-elle.

Le point de vue du consommateur : vers une intervention de l’état et un changement de sa façon de consommer

L’obésité est un enjeu complexe qui ne repose pas seulement sur l’individu, dit François Décary-Gilardeau.

Selon lui, on ne peut analyser l’obésité ou tenter decomprendre les habitudes alimentaires sans prendre en considération la société dans laquelle on évolue.

D’après son expérience montréalaise, 40 % des foyers gagnent moins de 20 000 $ par an et 54 % n’ont pas les capacités de lecture pour bien se débrouiller dans l’environnement alimentaire. Comment alors privilégier le droit à une alimentation saine et de qualité pour tous?

Devant ces enjeux à la fois individuels et sociaux, il lui semble que les gouvernements doivent intervenir, car il serait étonnant que le marché parvienne à se réguler lui-même. En effet, l’industrie agroalimentaire est « tiraillée » entre des intérêts parfois contradictoires.

Il cite en exemple la volonté de reformuler les aliments pour qu’ils soient sains : « Devant la hausse des prix des denrées de base, note François Décary-Gilardeau, pour demeurer concurrentielle, elle pourrait choisir des solutions faciles, comme mettre plus de sel au lieu du basilic pour améliorer le goût d’une sauce aux tomates, ce qui lui revient moins cher. »

Il ajoute : « On sent poindre une grande insatisfaction vis-à-vis du système agroalimentaire. J’ai l’impression que, dans l’avenir, on assistera à une implosion de ce système qui est trop fondé sur les intrants externes et qui nécessite de grands coûts de transport. » Il croit aussi qu’il est nécessaire et tout à fait possible d’arriver à changer nos modes de consommation.

« Pour ma part, j’ai trouvé que les meilleurs prix ne sont pas du côté des grandes chaînes et du système tel qu'on le connaît généralement. Ils sont notamment du côté des organisations communautaires, telle Bonne boîte, bonne bouffe (Moisson Montréal) dont les prix sont significativement moins élevés que ceux des géants du détail. »

La vision de l’industrie agroalimentaire : des produits plus santé, des formations, de la recherche

Selon Christine Demen-Meier, les entreprises font des efforts pour offrir de meilleurs produits (moins de sel, moins de gras, etc.) bien que le goût des produits demeure primordial pour éviter que les consommateurs ne se détournent des produits plus sains pour des produits plus goûteux.

Bien entendu, il ne s’agit pas exclusivement d’un geste philanthropique, reconnaît la chercheuse. Les entreprises doivent être rentables et la santé devenant un enjeu de la société, elles sont bien placées pour proposer des solutions adaptées à l’ensemble de la population.

Les enfants sont une clientèle privilégiée par les stratégies de responsabilité sociale des géants tels Nestlé, Danone et Unilever.

Par exemple, certains ont développé des ateliers et des formations visant l’amélioration de l’alimentation chez les enfants, non seulement pour contrer l’obésité, mais aussi les carences alimentaires.

De même, les professionnels de la santé et de l’alimentation, par exemple les dirigeants de cantine scolaire, profitent gratuitement de différentes formations et outils pédagogiques.

L’industrie agroalimentaire participe fortement à la recherche, que ce soit des recherches fondamentales (par exemple sur les nutriments) ou encore des recherches sociologiques, afin de comprendre les facteurs déclencheurs de l’obésité ou qui la favorisent. Cette industrie finance de nombreuses études dans différents milieux universitaires indépendants, soutient Christine Demen-Meier.

Mais, on aurait tort de nier l’apport et la place qu’occupe l’industrie, affirme-t-elle. « Les normes appliquées en Europe dans l’industrie agroalimentaire sont terriblement strictes en matière de sécurité alimentaire, une préoccupation majeure pour l’alimentation dans la restauration hors domicile. De plus, ces entreprises sont essentielles pour l’économie de plusieurs pays, y compris pour la France qui ne peut pas être accusée de ne pas démontrer un attachement à la culture et aux traditions gastronomiques. »

Les actions publiques

Quant au monde politique, selon le vice-président, Environnement et Santé, du Conseil général du Rhône et maire de Belleville, Bernard Fialaire, il a déjà modifié ses pratiques afin d’adopter une vision plus mobilisatrice.

« On est passé d’un "inventaire d’actions" à essayer de donner plus de sens afin d’être dans un état d’esprit où la santé des gens, telle que définie par l’Organisation mondiale de la Santé, repose sur des actions plus cohérentes, plus efficaces et sur lesquelles on puisse communiquer de façon plus importante. »

Claudia Morissette pour Québec en Forme

Choix santé dans les machines distributrices : l’exemple du CHU Sainte-Justine

Changer le contenu des machines distributrices pour le rendre plus santé, tel est le défi qu’a relevé le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Cette initiative peut contribuer à l’acquisition de saines habitudes alimentaires chez les petits et grands utilisateurs, en plus d’être un modèle inspirant.

Compte rendu de la présentation d’Andraea van Hulst, assistante de recherche au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et candidate au doctorat à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Selon une étude d’observation réalisée en 2007 par le CHU Sainte-Justine, 75 % des boissons et 95 % des collations offertes dans les machines distributrices de l’établissement ne répondaient pas aux recommandations nutritionnelles.

« C’est un peu gênant d’avoir des machines distributrices qui encouragent la malbouffe dans un hôpital pour enfants censé faire la promotion des saines habitudes de vie », lance Andraea van Hulst.

2. Machines distributrices santé : le concept

Les machines distributrices sont très utilisées en milieu hospitalier. Dans les hôpitaux pédiatriques canadiens, on en trouve 12 en moyenne par hôpital. « Elles sont pratiques, rapides et “ouvertes” en tout temps, en plus d’être placées à un endroit où l’on passe naturellement », indique Andraea van Hulst.

L’idée de développer un concept des machines distributrices santé pour les familles au CHU Sainte-Justine visait deux objectifs :

  • répondre aux besoins de la clientèle qui voulait avoir accès à une alimentation saine à toute heure de la journée et pas seulement aux heures de repas à la cafétéria;
  • servir de modèle en montrant des pratiques exemplaires sur le plan de la promotion de saines habitudes alimentaires.

La mise en place du projet s’est déroulée en trois temps:

a. Un groupe d’experts en nutrition a sélectionné des produits qui répondent aux critères nutritionnels, fondés sur une revue de la littérature et sur les recommandations du guide alimentaire canadien, de l’Institut of Medicine et de l’American Heart Association. Par exemple:

  • Une variété de collations saines et nutritives : des fruits, des légumes, des céréales entières, des légumineuses ou tout autre produit contenant au moins une portion de ces aliments ainsi que des produits laitiers écrémés et faibles en gras (2% M.G. ou moins).
  • La mise en évidence des meilleurs choix pour les enfants de 1 à 3 ans.

b. Une équipe multidisciplinaire de spécialistes en nutrition, en communication, en informatique, en design, en industrie alimentaire, a développé le concept du design de la machine distributrice santé. Par exemple:

  • Un habillage coloré des machines distributrices permettant l’affichage de messages de promotion et de mise en garde.
  • Un écran tactile interactif installé à côté des machines distributrices donne accès à de l’information nutritionnelle sur les produits disponibles.

c. Une dégustation des produits choisis et une présentation des différentes maquettes du concept des machines auprès de différents groupes (adultes, enfants et adolescents) ont été réalisées pour avoir leur avis.

En octobre 2008, les machines distributrices de l’entrée principale du CHU Sainte-Justine ont été remplacées par trois nouvelles machines qui offrent des collations, repas et boissons santé adaptés aux besoins nutritionnels des enfants, adolescents et adultes.

3. Machines distributrices santé : avant et après l’implantation

« La proportion des achats destinés à un enfant était de 25 % avant l’implantation du concept et de 38 % après son implantation. On note aussi une augmentation des achats destinés précisément aux enfants de 1 à 3 ans. On peut penser qu’une zone spécialement conçue pour ce groupe d’âge peut inciter les parents à faire un achat plus sain et adapté à leur tout-petit », avance Andraea van Hulst.

4. Machines distributrices santé : des connaissances à partager

Ce concept de machines distributrices santé peut donc servir d’exemple à d’autres établissements de santé, mais aussi à d’autres endroits qui sont souvent fréquentés par les familles et les enfants, comme les arénas.

L’équipe de recherche projette d’ailleurs plusieurs stratégies de diffusion de ce concept, notamment la publication d’un article scientifique et la préparation d’un atelier de transfert de connaissances qui aura lieu en juin 2012.

« L’idée de cet atelier est de voir comment on peut aider les gens intéressés à faire une démarche similaire, à implanter ce genre de projet dans leur milieu. En fait, il faut retenir qu’un environnement alimentaire sain peut favoriser l’adoption de bonnes habitudes alimentaires », précise Andraea van Hulst.

Carole Boulé pour Québec en forme

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ.

Pour en savoir davantage

Télcharger le guide d’implantation des machines distributrices

 

Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée : la création d’un consensus

L’élaboration de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée repose sur une véritable démarche consensuelle entre différents partenaires de l’industrie de l’image. Un succès qui pourrait inspirer d’autres secteurs à se mobiliser pour devenir, à leur tour, des agents de changement au sein de la société.

Compte rendu de la présentation de Marie-Claude Paquette, conseillère scientifique sur les habitudes de vie à l’Institut national de santé publique du Québec à Montréal.

1. L’élaboration de la Charte québécoise : le contexte

Le décès de deux mannequins de l’anorexie en 2005 et 2006 a déclenché un mouvement international pour mieux contrôler la santé et les conditions de travail des mannequins dans le milieu de la mode.

Plusieurs pays se sont mobilisés, dont la France qui a adopté en 2008 une Charte volontaire sur l’image du corps et un projet de loi visant à combattre l’incitation à l’anorexie.

Au Québec, deux jeunes filles de 16 ans, Léa Clermont-Dion et Jacinthe Veillette, qui avaient souffert d’anorexie ont déposé en 2008 une pétition à l’Assemblée nationale. Elles demandaient au gouvernement du Québec de se mobiliser pour réduire le culte de la minceur.

« Cette pétition est arrivée dans un contexte où il y avait déjà des dossiers existants pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et les saines habitudes de vie. Le terrain était fertile pour que le Secrétariat à la condition féminine décide de prendre le mandat de développer une charte d’engagement volontaire en s’inspirant de la charte développée en France », explique Marie-Claude Paquette.

2. Première étape : rassembler tous les intervenants

En mai 2009, le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine a réuni une quarantaine de professionnels de l’industrie de la mode, de la publicité, de la musique, des médias, du domaine de la santé et du gouvernement pour élaborer les sept principes de la Charte québécoise.

En parallèle, 14 groupes provenant de divers milieux touchés par le culte de la minceur ont aussi été consultés pour l’élaboration de ces principes de la charte.

Après quatre rencontres de discussion et de négociation, les gens du milieu sont arrivés à s’entendre sur les sept principes de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiéequi a pu être lancée en octobre 2009.

Un succès aux dires de Marie-Claude Paquette qui a voulu, avec son collègue Gérald Baril, mieux comprendre ce qui a bien fonctionné dans ce processus de consultation et de construction d’un consensus.

3. La motivation de l’industrie : faire partie de la solution

La principale motivation des professionnels de l’industrie à participer à l’élaboration de cette charte est qu’ils percevaient une nécessité et une possibilité d’agir sur les risques du culte de la minceur.

« Ils voulaient faire partie de la solution et non du problème. Ils avaient conscience d’une responsabilité sociale et aussi d’un intérêt, soit personnel, soit organisationnel à participer à ce processus. Tout le monde, dès la première rencontre, avait de très bonnes intentions », note Marie-Claude Paquette.

Elle ajoute que les participants avaient une certaine perception du risque de l’incitation à la minceur à Montréal, mais qu’il n’était pas aussi criant qu’en Europe. Certains d’entre eux étaient prêts à reconnaître qu’il y a des excès et qu’il y a des mannequins qu’ils ne devraient pas utiliser parce qu’elles ne devraient pas servir de modèles.

4. La construction du consensus : un exemple à suivre

Lors de la première réunion de travail, certains participants se sont sentis montrés du doigt et avaient l’impression qu’on voulait les culpabiliser pour les amener à agir, selon Marie-Claude Paquette.

« Le moment décisif de la discussion vers un consensus est survenu lorsque les participants ont pris le temps de discuter sur le sens et le choix des mots dans la formulation de la charte. C’est un bel exemple qu’on pourrait utiliser avec l’industrie agroalimentaire pour essayer de faire des modifications à la composition des aliments », conclut Marie-Claude Paquette.

Carole Boulé pour Québec en Forme

Ce reportage a été rendu possible grâce àQuébec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ.

Pour en savoir davantage :

Consulter la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée

La présentation:

 

La Zone Partenaires

Des documents enrichissants et variés, produits et partagés par nos partenaires de contenu.

En savoir plus sur les critères d’admissibilité.