L’environnement alimentaire des jeunes : comment faire des interventions efficaces?

1. À la recherche d’interventions efficaces

L’obésité serait une réponse physiologique normale à un environnement anormal (Egger et Swinburn), rappelle d’entrée de jeu Lise Gauvin. L’environnement pourrait donc jouer un rôle clé pour faciliter l’adoption de saines habitudes de vie chez les jeunes ou, au contraire, nuire à cet effet.

Dans une démarche d’interventions efficaces auprès de la population, une première étape consisterait à déterminer les incidences du point de vue individuel, de la pratique ou non, d’un certain nombre de saines habitudes de vie.

Compte-rendu de la présentation de Lise Gauvin (à gauche), chercheuse et professeure au département de médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal, et de Tracie Ann Barnett, (à droite) chercheuse adjointe au département de médecine sociale et préventive au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine à Montréal.

Pour les chercheuses Lise Gauvin et Tracie Ann Barnett, il est essentiel d’établir un lien très étroit entre les interventions sur le terrain et la recherche afin de réussir à produire des données fiables sur les facteurs déterminants des incidences du point de vue individuel et populationnel.

« Si l’on veut intervenir auprès des populations, il faut qu’il y ait des interventions tant sur le plan individuel que populationnel, mais ces interventions ne doivent pas se nuire ou être en compétition les unes contre les autres, car chacune a des visées très différentes », précise Lise Gauvin.

Selon Lise Gauvin, les interventions individuelles sont efficaces dans les circonstances suivantes :

  • lorsque les retombées sont abondantes et presque certaines, c’est-à-dire une perte de poids et une amélioration de la santé significatives chez un individu ayant suivi un programme d’activité physique intensif supervisé par un professionnel de la santé;
  • lorsque le temps nécessaire pour produire ces retombées est court, donc peu de délai pour atteindre une gratification, c’est-à-dire que l’individu atteint rapidement ses objectifs grâce à l’intensité de son programme d’entraînement;
  • le coût et l’effort associés à ce changement, par rapport aux retombées positives, sont relativement faibles, c’est-à-dire que la perte de poids et une meilleure condition physique effacent rapidement les efforts fournis par l’individu.

Les interventions populationnelles seront efficaces lorsque des changements se manifesteront dans :

  • les occasions, c’est-à-dire de faciliter les bons choix, comme la construction de pistes cyclables, de complexes sportifs et des aires de jeux et de loisirs;
  • le prix, comme des mesures fiscales pour encourager l’activité physique et de bonnes habitudes alimentaires;
  • l’accessibilité aux programmes et aux services à la population qui sont déployés dans les milieux dits naturels, comme à l’école, la communauté et le quartier;
  • les environnements favorables des quartiers résidentiels, comme l’aménagement de parcs, de voies piétonnières, la diminution du trafic routier, etc.;
  • la pression sociale, c’est-à-dire des comportements de santé, d’activité physique et de saine alimentation dans l’entourage et dans la communauté.

2. Interventions individuelles et populationnelles : le paradoxe de la prévention

Lorsque l’on transpose les facteurs de succès des interventions individuelles dans le contexte de la prévention, on aura moins de chance d’avoir un effet sur la population.

C’est ce qu’on appelle « le paradoxe de la prévention » qui découle des interventions individuelles et populationnelles, c’est-à-dire qu’une intervention qui produit de gros bénéfices pour la communauté ou la population va souvent produire de faibles bénéfices pour l’individu et inversement.

« Même si les gens marchent 15 minutes de plus par jour, ça ne leur donnera rien individuellement. Sauf que si tout le monde dans la population marchait 15 minutes de plus, il y aurait un bienfait dans la population par effet de cumul », donne Lise Gauvin en exemple.

3. Les environnements des jeunes à l’étude

À ce jour, les éléments déterminants et les lieux documentés par les études l’ont surtout été relativement au taux d’activité physique chez les enfants.

« On apprend que les enfants ont plus de chance d’atteindre les recommandations en matière d’activité physique ou de faire plus d’activité physique, s’ils vivent dans un milieu bien aménagé pour les piétons, où les autos, peu nombreuses, circulent à vitesse réduite, avec, à proximité, des plateaux sportifs et des parcs », mentionne Lise Gauvin.

C’est d’ailleurs l’axe de recherche de Tracie Ann Barnett, dont les travaux portent sur les caractéristiques des environnements des jeunes. La plupart de ses projets de recherche sont complémentaires de l’étude QUALITY, une étude longitudinale de l’histoire naturelle de la surcharge pondérale chez 630 jeunes Québécois, dont un des parents est obèse.

« On peut voir dans les caractéristiques individuelles de ces 630 familles que 40 % des enfants présentent déjà une surcharge pondérale ou de l’obésité. J’ai analysé les caractéristiques des quartiers de ces familles, notamment le volet résidentiel, l’environnement bâti, le transport routier, les micro environnements, les trottoirs, l’environnement alimentaire (dépanneurs, services de restauration rapide et supermarchés), ainsi que l’environnement socioéconomique », note Tracie Ann Barnett.

Résultats : il existe un lien très fort entre le nombre et la proximité des parcs et la fréquence de marche des enfants âgés de 8 à 10 ans.

Pour en savoir davantage sur l’étude Quality

Carole Boulé pour Québec en Forme

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ.

 

Restauration scolaire: quand l’industrie aide les cuisiniers des cafétérias

Le programme Unilever Foods Solutions (UFS) pour les cantines scolaires veut aider les cuisiniers à offrir aux jeunes des repas plus équilibrés et plus savoureux. Il comprend des outils pour apprendre à cuisiner des recettes adaptées aux besoins nutritionnels des jeunes et des moyens pour les encourager à adopter de bons comportements alimentaires.

Compte rendu de la conférence donnée par Carole Sadaka, responsable en nutrition et restauration hors foyer chez Unilever Food Solutions, à Rueil-Malmaison en France.

1. Les défis en restauration scolaire

Les deux principaux problèmes en nutrition de l’enfant sont les suivants :

  • le tiers des enfants dans le monde sont sous-alimentés, surtout dans les pays en voie de développement;
  • la prévalence du surpoids augmente dans tous les pays.

« Ces difficultés poussent les pays à adopter des recommandations ou des réglementations plus strictes quant aux critères nutritionnels. Au Royaume-Uni, des règles en la matière existent depuis 2008. En France, cet aspect est devenu obligatoire dans les cantines scolaires en 2011. Et en Hongrie, une réglementation dans ce sens est en train de se mettre en place », précise Carole Sadaka.

Les cuisiniers et le personnel des cafétérias scolaires ont donc beaucoup de défis à relever. Ils doivent d’abord respecter les recommandations nutritionnelles. Ils doivent aussi maîtriser les coûts, la complexité des menus et la quantité de déchets alimentaires. De plus, ils veulent augmenter la fréquentation de leur établissement, mais font face à la concurrence féroce des chaînes de restauration rapide, souvent à quelques pas des écoles.

« Ils doivent également répondre aux attentes des enfants et des parents. Les enfants veulent du choix, de la variété, des repas savoureux et attrayants visuellement, servis dans un environnement agréable. Les parents veulent des repas de qualité, nutritifs, en portions suffisantes pour leur enfant, ainsi qu’un bon rapport qualité-prix », souligne Carole Sadaka.

2. L’approche nutrition santé d’Unilever Foods Solutions

Unilever Foods Solutions (UFS) — une filiale du groupe Unilever dédiée à la restauration — fournit une gamme de produits alimentaires aux chefs cuisiniers de la restauration hors foyer, comme les cafétérias dans les écoles, les hôpitaux, les centres d’hébergement et les restaurants.

Leurs produits sont intégrés dans 100 millions de repas hors foyer chaque jour dans le monde, estime Carole Sadaka. Unilever dispose d’un réseau de 230 chefs cuisiniers et de 250 nutritionnistes.

« Nous avons assis notre expertise culinaire et nutritionnelle sur le travail d’équipe des chefs et des nutritionnistes, afin de rendre les recettes savoureuses plus équilibrées et les recettes équilibrées plus savoureuses », explique la responsable en nutrition.

3. Le programme UFS pour les cantines scolaires : inspirer les chefs

C’est la raison pour laquelle le programme UFS destiné aux cantines scolaires s’appuie sur un soutien culinaire et nutritionnel en conformité avec les recommandations, selon Carole Sadaka.

Ce programme comprend plusieurs outils, dont :

  • des recettes;
  • des ingrédients;
  • des formations culinaires;
  • des planifications de menus équilibrés;
  • et des outils de communication pour mettre en valeur un plat équilibré au menu dans la cantine et pour encourager les enfants à changer leur comportement alimentaire et à faire des choix plus équilibrés.

4. Les retombées positives du programme

« En Angleterre, la désaffection des élèves pour les cantines scolaires est une difficulté à laquelle les chefs étaient vraiment soumis. La mise en place du programme a permis d’augmenter le nombre de repas pris à l’école. Une école a même pu, grâce à l’augmentation de la fréquentation, diminuer le prix des repas pour attirer encore plus de jeunes », dit Carole Sadaka.

Quant aux chefs de la restauration scolaire, ils perçoivent ce genre de démarche de façon très positive, notamment à l’égard de l’accompagnement des recommandations nutritionnelles qui sont parfois difficiles à intégrer dans leur pratique courante.

Carole Boulé pour Québec en Forme

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ.

La présentation de Carole Sadaka

 

Le poids et l’alimentation des jeunes: la situation au Québec

La prévalence du surpoids chez les jeunes a augmenté en flèche au cours des dernières années. Bien que les causes soient diverses et complexes, on a tendance à considérer que c’est la transformation du mode de vie qui est en cause. Portrait de la situation nord-américaine.

 

Compte rendu de la présentation de Lyne Mongeau, professeure adjointe de clinique à l’Université de Montréal et coordonnatrice du Plan d’action gouvernemental de promotion de saines habitudes de vie et de prévention des problèmes reliés au poids pour 2006-2012, Investir pour l’avenir, au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

La hausse de l’embonpoint et de l’obésité chez les jeunes Québécois est-elle alarmante? Les données présentées par Lyne Mongeau permettent de prendre toute la mesure du problème.

Déjà un fardeau pour le système de santé, cet accroissement des problèmes de poids chez les jeunes aura vraisemblablement des conséquences encore plus importantes lorsque ceux-ci atteindront l’âge adulte, en augmentant leurs risques de maladies chroniques.

« L’obésité infantile accroît le risque d’obésité à l’âge adulte. On sait qu’une fois l’excès de poids établi, il est difficile de le perdre. Une bonne partie de ces jeunes n’y parviendra pas, d’où l’importance de la prévention. De plus, il ne faut pas oublier le fardeau psychosocial qui est associé au surpoids dans un monde qui valorise autant la minceur », souligne Lyne Mongeau.

1. Le surpoids des jeunes en chiffres au Québec, au Canada et aux États-Unis

  • Le taux de surpoids chez les enfants de 2 à 5 ans est plus bas aux États-Unis (16 %) qu’au Canada (21 %) et qu’au Québec (26 %).
  • La tendance se renverse chez les 6 à 11 ans : le surpoids atteint 30 % aux États-Unis, 26 % au Canada et 18 % au Québec.
  • Partout, le surpoids chez les 12 à 17 ans est à la hausse et atteint 32 % aux États-Unis, 29 % au Canada et 24 % au Québec.

Certains facteurs sociodémographiques semblent liés au poids : la scolarité du ménage, le revenu, le lieu de résidence (rural/urbain).

Pour le Canada, les taux combinés de surpoids et d’obésité ne sont pas différents dans les milieux à revenu faible ou élevé. C’est dans la classe moyenne que l’on retrouve le pourcentage le plus élevé d’excès de poids.

Au Québec, par contre, ce sont les enfants provenant de famille à revenu élevé qui présentent le moins de problèmes de surpoids. Constat général : au-delà des différences entre les pays, pratiquement le quart des enfants présente maintenant un problème de surpoids. « Il y a 25 ans, le surpoids chez les enfants était pratiquement absent », indique Lyne Mongeau.

2. La préoccupation excessive à l’égard du poids

  • De 35 % à 42 % des jeunes expriment un désir de maigrir dès l’âge de 13 ans, selon des études3menées aux États-Unis, au Canada et au Québec.
  • Cette proportion augmente avec l’âge : à 15 ans, plus de 55 % des jeunes aux États-Unis souhaitent maigrir, contre 44 % au Canada. Au Québec, 37 % des jeunes de 16 ans aimeraient aussi perdre du poids.
  • Même s’ils ont un poids normal, environ 30 % des jeunes sont insatisfaits de leur poids et de leur image corporelle.

Un facteur de surpoids

Les personnes qui se perçoivent trop grosses essaient souvent différents moyens pour maigrir, qui peuvent être inappropriés et même dangereux. Au final, elles reprennent fréquemment plus que leur poids initial. Cela contribue, dans une certaine mesure, à l’épidémie d’obésité. « Comme société, on n’a jamais été aussi gros et, en même temps, on n’a jamais autant essayé d’être minces. Cela nous montre une autre dimension de la complexité du problème », observe Lyne Mongeau.

3. La consommation alimentaire

  • Il y a une association significative entre une consommation quotidienne de fruits et légumes et le poids. Au Canada, plus du quart des jeunes de 2 à 17 ans qui consomment moins de 5 portions par jour a un excès de poids. Chez ceux qui en consomment 5 et plus, cette proportion est plutôt de 1 sur 5.
  • Les boissons gazeuses sont très populaires chez les 14 à 18 ans. Un peu plus de 40 % des jeunes disent en boire quotidiennement. Aux États-Unis, ce pourcentage est encore plus élevé4, soit environ 68 %.
  • La consommation d’aliments provenant de la restauration rapide est courante chez tous les groupes d’âge et la proportion augmente avec l’âge. Ainsi, lors d’une enquête, près de 20 % des enfants canadiens de 4 à 8 ans en avaient mangé la veille, contre environ 12 % au Québec. Chez les 9 à 13 ans, au Canada, c’est plus de 1 enfant sur 5 qui avait fait de même, contre 16 % au Québec. Sans surprise, les 14 à 18 ans en sont les plus grands consommateurs : près de 35 % dans tout le pays, contre 28 % au Québec.

« De façon générale, les jeunes qui s’alimentent régulièrement de restauration rapide consomment plus de calories, ont un apport plus élevé en gras et en gras saturés, et ont un moins bon apport en calcium. C’est, en quelque sorte, un indicateur de la qualité de l’alimentation. Quant aux boissons gazeuses, c’est devenu une normalité d’en boire fréquemment. Or, une majorité d’études ont trouvé un lien entre leur consommation et le surpoids », note Lyne Mongeau.

4. La sédentarité : des chiffres à la hausse

  • Au Canada et aux États-Unis, les jeunes de 6 à 19 ans consacrent environ 6 heures et plus par jour à des activités sédentaires (télévision, jeux vidéo, ordinateur).
  • De façon générale, on ne voit pas de différence entre les jeunes de poids normal et ceux en surpoids relativement au nombre d’heures d’activités sédentaires par jour.
  • Paradoxalement, des données canadiennes de 2004 indiquent une relation entre les activités sédentaires et le poids. À 10 heures et moins par semaine d’activités sédentaires, le taux de surpoids des 12 à 17 ans est d’environ 23 %. De 10 à 20 heures, il passe à environ 29 %. De 21 à 30 heures, il dépasse les 30 %. Finalement, il atteint 35 % à 30 heures et plus. À titre explicatif, cette différence de résultats pourrait avoir été introduite par la méthode de collecte des données. Mais il est aussi possible que le temps passé devant un écran de télé soit plus dommageable que le temps passé devant un autre type d’écran, à cause de l’incitation à manger suscitée par la publicité alimentaire

La sédentarité augmente avec l’âge

  • Chez les 6 à 10 ans, au Canada, 7,4 heures sont allouées quotidiennement à des activités sédentaires, contre 6,1 aux États-Unis.
  • Chez les 11 à 14 ans, le total grimpe à un peu plus de 8,8 heures au Canada, contre 7,5 aux États-Unis
  • Les jeunes de 15 à 19 ans y consacrent 9,5 heures au Canada, contre 8 heures de l’autre côté de la frontière.

5. Les habiletés culinaires des jeunes

Grâce au projet « Tout le monde à table », on a pu observer à quelles tâches les jeunes de 2 à 12 ans du Québec participent à la maison. Leurs réponses indiquent que :

  • 67 % cuisinent;
  • 33 % font l’épicerie;
  • 38 % mettent la table;
  • 6 % nettoient la table;
  • 13 % lavent la vaisselle;
  • 34 % participent à la préparation des aliments;
  • 1 % fait le service;
  • 7 % ne font aucune tâche.
  • Les enfants ont envie de cuisiner : 79 % disent qu’ils aimeraient le faire plus souvent. Une grande proportion (56 %) dit ne pas cuisiner régulièrement avec leurs parents.
  • Intérêt pour cuisiner à la baisse. Lorsqu’ils n’ont pas la chance de mettre la main à la pâte, les jeunes disent perdre l’intérêt pour la cuisine. Cet intérêt diminuerait vers 8 ans.
  • Les filles cuisinent davantage : 49 % contre 39 % pour les garçons. Elles sont aussi plus nombreuses à dire qu’elles aimeraient cuisiner davantage : 84 % contre 74 % chez les garçons.

6. Quelles solutions pour l’avenir?

Devant ces constats, Lyne Mongeau affirme qu’il faudra répéter les messages pour :

  • Augmenter la consommation de fruits et de légumes;
  • améliorer les compétences culinaires;
  • Améliorer les choix faits dans les restos à service rapide, notamment en diminuant les boissons sucrées;
  • diminuer le temps passé dans les activités sédentaires.

Cependant, répéter le message n’est pas suffisant. Des changements devront impérativement être apportés à l’environnement des jeunes. Par exemple, il faudra s’assurer que les aliments nutritifs sont accessibles physiquement et économiquement dans la vie de l’ensemble des jeunes, qu’ils soient appétissants, « cool » et qu’ils goûtent bons!

Cela passe, entre autres, en instaurant des politiques alimentaires. « Ces politiques sont un instrument efficace pour améliorer l’alimentation de la population. Le Québec a déjà fait plusieurs efforts en ce sens pour encadrer certains milieux institutionnels, comme les écoles et les services de santé. Mais il doit continuer à le faire. Peut-être pourrions-nous, à court terme, viser aussi les services de garde », suggère Lyne Mongeau.

Claudia Morissette pour Québec en forme

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration del’ITHQ. 


Pour en savoir davantage

Le poids et l'alimentation des jeunes
Plan d’action gouvernemental – Investir pour l’avenir

1. Les enquêtes ont été réalisées en 2004 pour le Québec et le Canada, et entre 1999 et 2002 pour les États-Unis. Toutes ont utilisé des données mesurées.

2. La scolarité est déterminée par le plus haut diplôme obtenu par l’un des parents. Quant au lieu de résidence, urbain ou rural, il n’y a pas de différence significative au Québec concernant la prévalence de problèmes de poids chez les jeunes (2 à 17 ans). Ce n’est pas le cas chez les adultes cependant. En ville, où l’on dépend moins de l’automobile pour ses déplacements, les problèmes de poids sont moins nombreux.

3. Il y a l’embonpoint (IMC de 25 à 30 chez l’adulte et les valeurs correspondantes selon l’âge et le sexe chez les jeunes) et l’obésité (égal ou supérieur à 30). L’excès de poids ou le surplus de poids est l’addition des 2, donc tous ceux qui sont au-dessus d’un poids normal.

4. Les études ont été menées en 2001 et 2002 au Canada et aux États-Unis, et en 1999 au Québec.

5. La définition de la catégorie « boissons gazeuses » est plus large aux États-Unis qu’au Canada. Ils s’y retrouvent donc une plus grande variété de boissons, ce qui peut en partie expliquer la différence entre les pourcentages. Par ailleurs, les données ont été récoltées entre 1994 et 1998.

6. Les données ont été recueillies grâce à un accéléromètre. Il s’agit d’un capteur porté par la personne qui enregistre l’activité physique quotidienne réelle. Les données canadiennes ont été recueillies en 2007-2009 et celles des États-Unis en 2003-2004.

7. Les données proviennent du projet « Tout le monde à table » (2010-2011), pour lequel 5000 jeunes ont été interrogés sur leurs habiletés et habitudes en cuisine.

Le poids et l'alimentation des jeunes

Marketing alimentaire à la télé: nos enfants sont-ils protégés?

La réglementation en force au Québec et l’autoréglementation de l’industrie alimentaire dans le reste du Canada (ROC) visent le même objectif : protéger les enfants du marketing alimentaire. Malgré tout, les enfants seraient quand même exposés à de la publicité de malbouffe au petit écran.

Compte rendu de la conférence de Monique Potvin Kent, chercheuse à l’Institut sur la santé des populations, à l’Université d’Ottawa.

« Il est reconnu que les publicités alimentaires destinées aux enfants influencent directement leurs préférences, leurs habitudes de consommation et les demandes pour l’achat d’aliments », affirme Monique Potvin Kent. La relation entre l’obésité, l’alimentation et le marketing alimentaire destiné aux enfants a, en effet, été maintes fois démontrée dans plusieurs études.

1. Marketing alimentaire à la télé s’adressant aux enfants : deux types de réglementation au Canada

Afin de protéger les enfants du marketing alimentaire, le Québec et le reste du Canada (ROC) ont chacun leur façon d’encadrer la publicité de l’industrie alimentaire.

Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit de faire de la publicité à but commercial aux enfants de moins de 13 ans.

Ailleurs au Canada, l’industrie alimentaire se réglemente elle-même en ce qui a trait à la publicité sur les aliments et les boissons destinés aux enfants, notamment avec l’initiative canadienne qui compte 19 grandes entreprises (Kraft, Post, McCain, Nestlé, McDonald’s, etc.).

2. Une recherche comparative des 2 types de réglementation

L’équipe de recherche de Monique Potvin Kent a vérifié sur le terrain l’influence de l’autoréglementation de l’industrie dans le ROC et la réglementation statutaire au Québec sur les publicités alimentaires.

La recherche a été effectuée auprès de 428 enfants âgés de 10 à 12 ans, provenant de 18 écoles en Ontario et au Québec, et divisés en 3 groupes : un groupe d’anglophones de l’Ontario, un groupe de francophones et un groupe d’anglophones du Québec.

Pendant une semaine, les jeunes ont rempli un journal médiatique et indiqué leurs émissions préférées. L’équipe de recherche a analysé le contenu des publicités des 30 heures d’émissions préférées pour les 3 groupes.

Les trois principaux axes de sa recherche ont porté sur :

  • la fréquence des publicités alimentaires pendant les 30 heures d’émissions préférées des 3 groupes;
  • la valeur nutritive des aliments dans ces publicités;
  • la fréquence et la valeur nutritive des aliments en provenance des entreprises participant à l’initiative canadienne et celles des aliments en provenance des entreprises qui ne participaient pas.

3. Résultats de la recherche

Chez le groupe francophone du Québec, 17,6 % des publicités alimentaires ciblaient les jeunes enfants et 30 % des publicités étaient destinées aux enfants.

« On s’attendait à des chiffres plus bas, mais on croit que c’est peut-être un manque de surveillance sur l’application de la loi. Du côté des groupes anglophones du Québec et d’Ontario, ils ont vu beaucoup plus de publicités qui les visaient directement », explique Monique Potvin Kent.

Les personnages fictifs sont deux fois plus présents dans les publicités des groupes anglophones en Ontario et au Québec que dans celles du groupe québécois francophone.

La fréquence des publicités alimentaires par catégorie d’aliments

  • Les publicités sur les bonbons, les collations, les céréales et le petit déjeuner : beaucoup plus fréquentes chez les groupes anglophones en Ontario et au Québec.
  • Les publicités sur les boissons (en particulier les boissons de yogourt) : plus fréquentes chez le groupe francophone au Québec.

Les publicités des entreprises participant ou non à l’initiative

  • Les entreprises de l’initiative canadienne présentaient beaucoup plus de publicités alimentaires, de concours et de commandites alimentaires que les entreprises qui ne participent pas à l’initiative.
  • Plusieurs répétitions des mêmes publicités chez les entreprises participantes.

La qualité des aliments

  • Pour les trois groupes, les aliments présentés dans les publicités alimentaires ont une teneur élevée en gras, en sucre et en sel.
  • Toutefois, Monique Potvin Kent a noté une différence significative dans les publicités francophones. « Les produits présentés contenaient plus de gras et de protéines, mais beaucoup moins de sucre, de glucides et de calories que dans les publicités anglophones. »
  • Les entreprises participant à l’initiative ont, de leur côté, présenté des produits offrant une teneur plus élevée en gras, en sucre, en sel et en calories que les entreprises non participantes.

4. Les enfants canadiens sont-ils bien protégés?

La Loi sur la protection du consommateur au Québec a une certaine influence, car les enfants francophones sont moins ciblés dans les publicités alimentaires.

Dans le cas de l’initiative canadienne, Monique Potvin Kent constate que l’autoréglementation de l’industrie alimentaire aurait peu d’influence : « Le nombre de publicités alimentaires est considérable, mais la valeur de la qualité nutritionnelle est très, très faible. »

D’ailleurs, elle s’inquiète pour les enfants anglophones du Québec qui, eux, ne sont pas protégés par la Loi québécoise parce qu’ils regardent surtout les émissions diffusées par les autres provinces du Canada.

Carole Boulé pour Québec en Forme

Ce reportage a été rendu possible grâce à Québec en Forme avec la collaboration de l’ITHQ.

Télécharger la présentation de Monique Potvin Kent

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