Temps-écran : l’American Academy of Pediatrics revoit ses recommandations
L’American Academy of Pediatrics (AAP) est en train de réviser ses lignes directrices en matière de temps-écran : fixer des durées limites aux enfants, en fonction de leur âge, serait maintenant une consigne dépassée.
Afin contextualiser ses nouvelles recommandations, l’AAP dit prendre acte de l’écosystème numérique dont les enfants et les adolescents sont désormais natifs. Car, souligne-t-elle, pour les jeunes de cette génération, il n’existe pas de frontière entre leur vie réelle et « virtuelle ». Autrement dit, les nouveaux médias ne représentent pour eux qu’un environnement parmi d’autres, avec ses bons et ses mauvais côtés.
Toutefois, il faut faire preuve de beaucoup de discernement dans le cas des enfants de moins de deux ans, souligne l’AAP. Durant cette période de la vie, il est crucial que les parents interagissent avec leurs enfants. Et, justement, les nouveaux médias sont capables de reproduire ce type d’interactivité, grâce à la vidéoconférence par exemple. Un tel usage n’est donc pas à proscrire complètement, pourvu que ce soit sous la supervision d’un adulte. Par contre, l’écran de télévision devant lequel l’enfant reste passif ne peut pas servir de « gardienne d’enfants ».
Le rôle essentiel des parents
L’AAP recommande aux parents d’appliquer les mêmes règles de vie aussi bien dans les environnements réels que « virtuels » de leurs enfants. Et, comme c’est le cas en toutes choses, les parents ont le devoir d’imposer certaines limites dans l’utilisation de ces médias. L’AAP rappelle d’ailleurs que la sédentarité, qui peut être induite, entre autres, par l’usage prolongé des nouveaux médias, est nuisible à la santé des enfants.
Voici quelques conseils offerts par l’AAP aux parents :
- Participez à l’environnement «virtuel » de vos enfants. Jouez à leurs jeux vidéo en leur compagnie.
- Aménagez des plages horaires de jeux libres, et débranchés, pour susciter la créativité des enfants.
- Créez des zones libres de média : écrans éteints durant les repas, écrans absents à l’heure du coucher.
- Apprenez à vos adolescents que les règles de vie qui prévalent dans la société s’appliquent aussi dans les médias sociaux.
- Restreignez votre propre usage des nouvelles technologies pour passer plus de temps avec vos enfants.
Le médium n’est pas le message
Selon l’AAP, le plus important, ce n’est pas le type de média en tant que tel, mais le contenu qu’il véhicule. Ainsi, de nombreuses études ont démontré que les jeux sur tablettes, éducatifs ou pas, mais bien conçus, peuvent favoriser les apprentissages et les aptitudes des enfants et même contribuer à l’amélioration de leur comportement.
Bien sûr, le défi pour les parents est de démêler le bon grain de l’ivraie parmi les plus de 80 000 jeux dits éducatifs en circulation. Toutefois, pour se guider dans leurs recherches, ils peuvent compter sur des organismes tels que Common Sense Media, Children’s Technology Review, Center for Digital Games, Center on Media and Child Health, et Too Small to Fail. D’ailleurs, insiste l’AAP, les parents sont désormais placés devant l’obligation d’améliorer leur propre littératie numérique afin de mieux encadrer l’environnement « virtuel » dans lequel évoluent et grandissent leurs enfants.
Les recommandations canadiennes sur le temps-écran demeurent toutefois les mêmes pour l’instant. Rappelons que, à l’heure actuelle, la Société canadienne de pédiatrie recommande qu’un enfant de moins de 2 ans ne devrait pas du tout être exposé à la télévision ou à tout autre écran. Pour les enfants de 2 à 4 ans, le temps-écran devrait être limité à moins d’une heure par jour et, pour les plus vieux, à moins de 2 heures par jour.
Sources : AAP News, Growing Up Digital: Media Research Symposium
Veille Action – 1er octobre 2015