Les 50 recommandations de la publication « Comment faire mieux? L’Expérience québécoise en promotion des saines habitudes de vie et en prévention de l’obésité ».
Voici la liste des 12 recommandations, telles que formulées par les auteurs de cette publication. Tous les passages ci-dessous sont directement puisés dans le résumé de cet ouvrage.
Comment «mieux promouvoir » une saine alimentation?
1. Investir dans la surveillance de la qualité nutritionnelle des aliments et des boissons afin de favoriser la reformulation des aliments transformés.
S’il est recommandé d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments et des boissons offerts dans les différents milieux de vie, il convient également d’agir directement auprès des distributeurs et des fabricants, afin de les inciter à reformuler certains de leurs produits.
De telles restrictions pourraient, dans certains cas, permettre d’aller au-delà des engagements volontaires de moindre portée pris par le secteur privé, étant donné que ceux-ci ne concernent qu’un nombre limité de fabricants et n’occasionnent l’amélioration nutritionnelle que d’une proportion limitée des produits consommés.
2. Réaménager les infrastructures des milieux scolaires et des services de garde éducatifs à l’enfance afin d’offrir des espaces propices aux repas conviviaux.
Cette réflexion semble particulièrement justifiée au Québec. D’une part, la majorité des élèves du primaire (70 %) et du secondaire (76 %) mangent à l’école le midi. Une enquête a révélé, par exemple, que le temps moyen pour manger était inférieur aux 20 minutes suggérées par la Politique-cadre Pour un virage santé à l’école, en raison d’un manque d’espace pour accueillir de grands groupes.
3. Organiser une campagne de sensibilisation de masse véhiculant une série de repères simples et positifs sur la saine alimentation.
Il est généralement conseillé de mettre en place des campagnes intensives, à long terme, culturellement appropriées et axées sur des changements de comportements clairement identifiés au moyen de messages simples: consommer moins de boissons sucrées ou initier les enfants au goût des fruits et des légumes, par exemple.
Comment «mieux promouvoir » l’activité physique?
4. Élaborer une politique d’aménagement du territoire favorisant une mixité d’utilisation des sols raisonnée.
Plusieurs éléments d’une politique d’aménagement urbain peuvent faciliter l’activité physique. En s’assurant que les routes soient propices à la marche, que les quartiers aient une densité d’habitation modérée et qu’une grande diversité de services et de commerces se trouvent à proximité du domicile ou du lieu de travail, on augmente la propension des individus à être physiquement actifs au quotidien.
5. Inciter les municipalités à capitaliser davantage sur leurs politiques familiales, schémas d’aménagement et de développement et plans d’urbanisme pour accroître l’offre d’activités physiques sportives et récréatives, le transport actif, les parcs, les aires de jeux et les espaces verts.
Afin de soutenir le travail des municipalités en matière d’infrastructures facilitant l’activité physique, une modification de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme pourrait être envisagée. Cette modification pourrait exiger que la modification ou le remplacement d’un plan d’urbanisme soient non seulement accompagnés d’une analyse des impacts anticipés sur l’environnement, comme le proposait le gouvernement en 2011, mais aussi d’une évaluation d’impact sur la santé.
6. Réaménager les infrastructures et renforcer l’offre d’animations, d’équipements et de matériel afin de stimuler l’activité physique dans les écoles et les services de garde éducatifs à l’enfance.
Lors du forum délibératif « Comment faire mieux », le réaménagement des écoles est une proposition à laquelle la plupart des participants ont accordé la priorité. Il fut notamment souligné qu’au Québec, la majorité des écoles ont été construites il y a plusieurs décennies et doivent donc être rénovées dans les prochaines années puisque certaines infrastructures arrivent à la fin de leur cycle de vie : il s’agit d’une occasion à saisir. Les commissions scolaires et le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont en main les leviers afin de financer ces rénovations. Chaque commission scolaire pourrait maximiser ces investissements en s’assurant, autant que possible, que les nouveaux aménagements intérieurs et extérieurs favorisent l’activité physique dans le quotidien des enfants et des adolescents.
7. Instaurer une politique renforçant le temps d’activité physique sur le temps scolaire, périscolaire, et dans les milieux de garde.
Une première étape pourrait être de modifier les articles 22, 23 et 23.1 du Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire afin d’augmenter le temps d’enseignement en éducation physique présenté à titre indicatif et, ce faisant, inciter les décideurs des milieux scolaires à réviser les programmes dans leur école.
Comment «mieux déployer » l’Expérience québécoise?
8. Renforcer l’approche systémique québécoise en promotion des saines habitudes de vie, reposant sur la combinaison de multiples stratégies et canaux d’interventions
Elle permet ainsi de déployer une combinaison de stratégies et de canaux d’interventions ciblant à la fois les individus et leurs environnements physiques, socioculturels, économiques et politiques. Pour « faire mieux » et avoir des répercussions à l’échelle populationnelle à moyen et à long terme, il convient de renforcer cette approche et d’intensifier les efforts.
Comment «mieux déployer » l’Expérience québécoise?
9. L’action intersectorielle devrait s’inscrire dans le cadre d’une Politique de prévention implantée sous l’égide du plus haut palier gouvernemental (c’est-à-dire par le premier ministre du Québec).
Pour y parvenir, un leadership politique de haut niveau à l’échelle de l’État comme à l’échelle locale est clairement présenté comme une condition de succès dans les recommandations scientifiques. En effet, l’action intersectorielle pour la création d’environnements favorables à la saine alimentation et à l’activité physique demande souvent aux organisations extérieures au secteur de la santé d’aller au-delà de leur mandat premier. Par conséquent, les organisations de santé publique (ministères, agences, directions), et plus particulièrement leurs directeurs, sont invités à jouer un rôle majeur dans la création et la mise en œuvre de partenariats.
10. Créer une structure de coordination pour la promotion des saines habitudes de vie, incluant les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux.
Les causes multiples de l’embonpoint et de l’obésité appellent une responsabilité partagée et une participation de tous les secteurs de la société dans la mise en œuvre de solutions. Notre portrait de l’Expérience québécoise s’est uniquement penché sur les interventions des autorités publiques ou celles que les organisations de la société civile ont mises en œuvre en partenariat avec les autorités publiques. Notre portrait exclut donc un grand nombre d’initiatives que les organisations non gouvernementales ont déployées au Québec depuis plusieurs années. Il convient de souligner que ces organisations sont des acteurs-clés dans une approche systémique de promotion des saines habitudes de vie. Les tables et comités régionaux et locaux auxquels elles prennent part se révèlent d’ailleurs être des structures de concertation et de coordination essentielles à la mise en œuvre d’interventions.
11. Assurer la pérennité des stratégies, des mécanismes de travail, et de la capacité d’intervention des parties prenantes qui ont été créés et développés depuis une dizaine d’années au Québec au prix d’une mobilisation de ressources sans précédent.
La nature même des maladies chroniques et de l’obésité, qui tendent à se développer dans la durée au niveau individuel et populationnel, requiert la mise en œuvre de plans, de stratégies et d’interventions combinées sur le long terme. Pourtant les effets des interventions, lorsqu’ils sont mesurés, le sont bien souvent à court ou moyen terme, mettant en évidence des changements dont on ignore la durabilité ou, inversement, ne montrant aucun changement là où des effets n’apparaitront peut-être que bien plus tard. La durabilité des interventions et, en corollaire, la pérennité des ressources qui sont allouées à leur mise en œuvre et à leur évaluation sont ainsi fréquemment présentées dans les recommandations scientifiques comme des facteurs de succès.
12. Renforcer les capacités d’évaluation des parties prenantes de l’Expérience québécoise et favoriser une évaluation plus systématique des processus et des effets des interventions mises en œuvre.
Les recommandations transversales relatives à la recherche, à la surveillance et à l’évaluation des interventions en promotion de saines habitudes de vie et en prévention de l’obésité sont celles qui sont le plus fréquemment trouvées dans la littérature scientifique. Il est notamment recommandé de soutenir la recherche en lien avec des interventions concrètes, intenses et durables menées sur le terrain, d’autant plus que les acteurs locaux ne disposent souvent pas des ressources et/ou de l’expérience suffisantes pour mener à bien l’évaluation de leurs interventions.
Texte intégral. Le Bodo, Y., C. Blouin, N. Dumas, P. De Wals et J. Laguë. COMMENT FAIRE MIEUX? L’Expérience québécoise en promotion des saines habitudes de vie et en prévention de l’obésité. Québec, Plateforme d’évaluation en prévention de l’obésité (PEPO) et Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Les Presses de l’Université Laval, 2016, 379 pages.
