Avertissement de défi hivernal
Jeanne Robin
Directrice générale adjointe
Vivre en Ville
26 janvier 2016
Peut-être est-ce parce que ma première rencontre avec le Québec a eu lieu la veille d’une tempête de neige, mais chaque hiver, j’en retombe un peu plus amoureuse. Pourtant, la plupart de nos aménagements ne sont pas vraiment conçus pour affronter la réalité hivernale ou nous la rendre plus conviviale. Et souvent, passé l’émerveillement des premiers flocons, nous agissons comme si nous voulions l’abolir. Comment se fait-il que nous traitions cette saison, pourtant emblématique, à la manière d’une robe de bal de finissant – essentielle pour la photo, mais dont on a hâte de se débarrasser afin d’enfiler quelque chose de plus confortable pour danser ?
Il est grand temps de prendre acte que l’hiver, c’est un peu notre pays et de relever le défi que représente l’adaptation de nos bâtiments, nos rues, nos quartiers et nos villes. Et parce que nous ne pouvons pas regarder passivement Edmonton devenir la capitale du royaume des glaces, voici quelques principes pour réapprivoiser l’hiver, ainsi que nous y invitait récemment le chroniqueur Marc-André Carignan.
Des espaces extérieurs confortables et animés
Même quand ce n’est ni le Carnaval, ni la Fête des neiges, il est possible d’aménager des quartiers qui rendent l’hiver agréable à vivre au quotidien. Où les rues et les places offrent une protection contre le froid et les précipitations, maximisent l’ensoleillement et réduisent l’effet des corridors de vents de manière à rendre les déplacements – et même le flânage – plus plaisants. Selon l’urbaniste Hazel Borys, l’existence de lieux bien conçus nous permettant de nous activer et de nous réchauffer a le pouvoir d’atténuer les désagréments des climats les plus rigoureux !
Des déplacements facilités
Passer la saison froide à déglacer son pare-brise est probablement le moyen le plus sûr de rêver à des vacances dans le Sud. Bien sûr, nous ne pouvons pas faire chacun de nos déplacements à pied, mais nul doute que des rues confortables et sécuritaires nous inciteraient à profiter davantage des plaisirs de l’hiver. Des trottoirs bien dégagés, bien encadrés par les bâtiments, équipés du mobilier urbain nécessaire – pourquoi donc enlever les bancs la moitié de l’année ? –, des intersections conçues pour traverser à pied sec seraient bien plus propices à la marche que de larges boulevards bordés de stationnements à ciel ouvert.
Des villes à échelle humaine
Les aménagements urbains qui reposent sur les principes de compacité (alliant densité et convivialité), de mixité des activités (des résidences qui côtoient des commerces, des écoles et des lieux d’emploi) ainsi que de connectivité des rues deviennent encore plus pertinents en hiver. Être en mesure de prendre une pause en cours de route dans un café ou un commerce, ou choisir parmi un éventail de parcours possibles pour se déplacer d’un lieu à l’autre, voilà des manières idéales de goûter aux joies hivernales.
Quelques pistes d’action pour faciliter la vie des piétons d’hiver :
- profiter du réaménagement d’une rue pour prévoir un drainage central, plutôt que le long du trottoir, et ainsi dire adieu aux éclaboussures,
- planter des haies brise-vent le long des trottoirs exposés,
- diminuer le temps d’attente des piétons aux traversées d’intersections,
- s’assurer que les nouveaux édifices ne créeront pas de corridors de vent.
À nous de jouer !
Nous avons le choix : continuer à maudire l’hiver trop long dès la mi-février, ou prendre, dès maintenant et avec enthousiasme, les moyens de devenir la patrie épanouie des hivers blancs.
Afin que des aménagements mal pensés ne soient plus une excuse pour passer nos journées sous l’édredon, chaque fois que l’occasion nous en est offerte, entreprenons de relever le défi hivernal !





