Cafétérias scolaires : une offre alimentaire plus saine n’entamerait pas les revenus
Le virage santé dans les écoles, aux États-Unis, n’aurait pas eu d’impact financier pour les écoles ni sur leur taux de fréquentation de leurs cafétérias par les élèves, révèle une première étude du genre.
Un an après la mise en application du virage santé, les revenus des cafétérias scolaires ont commencé par chuter légèrement, constatent les chercheurs. Mais les bénéfices ont retrouvé leur niveau initial dès la seconde année, et sont demeurés stables la troisième année. Les chercheurs en concluent que les arguments en faveur de l’assouplissement des critères nutritionnels imposés aux écoles en raison de préoccupations économiques ne sont pas fondés.
Le Massachusetts comme laboratoire
À l’automne 2012, les nouveaux critères en matière d’offre alimentaire, édictés par le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), entraient en vigueur dans les cafétérias des écoles du pays. Deux ans plus tard, afin d’harmoniser l’environnement scolaire, des critères similaires étaient imposés à l’offre alimentaire compétitive (par exemple les machines distributrices), appelé Smart Snacks in School.
Les chercheurs ne pouvaient toutefois pas mesurer les impacts simultanés de ces deux mesures, puisque le Smart Snacks in School ne sera pleinement mis en application qu’à la fin de 2016. C’est pourquoi ils se sont tournés du côté des écoles du Massachusetts, un État qui, en 2010, avait adopté une réglementation à l’endroit de l’offre alimentaire compétitive dans les écoles similaire au Smart Snacks in School. Et cette réglementation est entrée en vigueur, en 2012, en même temps que les nouveaux critères en matière d’offre alimentaire de l’USDA.
Le retour à l’équilibre
La mise en application des deux mesures a effectivement entraîné une légère baisse de revenus pour les écoles lors de la première année. Cette baisse serait notamment attribuable à une diminution de la demande des aliments de compétition, devenus moins attrayants pour les écoliers. Mais, les deux années subséquentes, la baisse des revenus générés par l’offre alimentaire compétitive a été compensée par une augmentation significative de la fréquentation des cafétérias par les élèves qui bénéficiaient du programme de réduction de tarif.
Les chercheurs ont aussi pu mettre en évidence le fait que l’offre alimentaire compétitive entre bel et bien en « compétition » avec les repas servis à la cafétéria. Cette observation démontre, selon eux, l’importance d’imposer des critères nutritionnels applicables aussi bien à la cafétéria que dans le reste de l’école.
Pour se renseigner sur le virage santé, amorcé en 2007, dans les écoles du Québec, où les conditions sont différentes de celles qui prévalent aux États-Unis, on peut consulter la fiche de Veille Action, Implanter une politique alimentaire à l’école : défis et mode d’emploi
Source : Juliane F. W. Cohen et al. Healthier Standards for School Meals and Snacks : Impact on School Food Revenues and Lunch Participation Rates. American Journal of Preventive Medicine. 2016.
Veille Action – 15 avril 2016