Crédits d’impôt et industrie agroalimentaire : sous condition de vendre de meilleurs aliments?
Les crédits d’impôt devraient être accordés à l’industrie agroalimentaire uniquement pour la recherche et le développement d’aliments sains, prône un rapport britannique.
Health Action Campaign (HAC), un projet de l’organisme caritatif Age Watch, vient de présenter un rapport sur les coûts de santé reliés à la surconsommation de Sucre, de Sel, de gras Saturés et d’hydrates de Carbone Raffinés (S3RC) au Royaume-Uni. En plus de brosser un portrait de la situation, le HAC soumet à l’examen du gouvernement, et de l’industrie agroalimentaire, un ensemble de mesures destinées à prévenir l’apparition de l’obésité.
États des lieux
En Angleterre, les coûts de santé associés à l’obésité se chiffrent à 12 milliards de dollars par année. D’ailleurs, rappelle le HAC, le Royaume-Uni est désormais le pays d’Europe qui affiche le plus haut taux d’obésité. Voici quelques faits pour décrire la situation :
- De 1974 à 2007, la consommation moyenne de sucre par personne est passée de 267 g par jour à 568 g.
- Depuis 1980, le taux d’obésité chez les femmes a triplé, tandis que, chez les hommes, il a quadruplé.
- En 2014, les Britanniques ont dépensé 60 milliards de dollars en aliments pour emporter ou consommés dans des restaurants minute. Ils ont en outre déboursé 20 milliards de dollars en boissons sucrées.
Rôles et responsabilités de chacun
Le HAC reconnaît que chacun d’entre nous est responsable de prendre de soin de sa santé. Mais l’industrie agroalimentaire et le gouvernement ont aussi leurs propres responsabilités à ce chapitre. Le HAC rappelle l’urgence d’agir en terme de prévention afin de soulager le système de santé d’un fardeau qui ne cesse de s’alourdir. Voici quelques-unes de ses recommandations :
- Mettre en place 3 mesures connues pour leur efficacité dans la lutte contre l’obésité : réduction des portions, reformulation des aliments et limitation des calories accessibles. Or, ce sont justement des interventions à la portée de l’industrie.
- Abolir la publicité en ligne faisant la promotion d’aliments riches en S3RC et qui cible les jeunes.
- Accroître le budget alloué à la Santé publique en matière de campagnes publicitaires afin de rééquilibrer l’information véhiculée par les messages promotionnels de l’industrie agroalimentaire.
- Modifier la loi pour que les crédits d’impôt en recherche et développement accordés à l’industrie agroalimentaire ne servent qu’à la seule fin de fabriquer des aliments sains.
Un marché en croissance
Dans son plaidoyer, le HAC souligne que les crédits d’impôt en recherche et développement accordés à l’industrie agroalimentaire s’élèvent à 2 milliards de dollars par année. Pourtant, les 48 plus importantes compagnies dans le domaine de l’alimentation et des boissons non alcoolisées ne paient en moyenne que 26 millions de dollars par année en impôts.
Le HAC rappelle enfin que la lutte contre l’obésité grâce à la mise en marché de produits alimentaires sains représente une excellente occasion d’affaire pour l’industrie. D’abord, parce que celle-ci possède déjà toute l’expertise pour y parvenir, y compris en terme de stratégies publicitaires. Et ensuite, parce que les mentalités sont en train de changer. Le HAC donne comme exemple les compagnies membres du Healthy Weight Commitment Foundation, aux États-Unis, qui ont vu les ventes de leurs produits faibles en calories augmenter de 99 %.
Source : Health Action Campaign
Veille Action – 17 novembre 2015