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Une étude longitudinale sur l’effet des expériences d’activités physiques pendant l’enfance et l’adolescence sur la perception et les comportements vis-à-vis de l’activité physique à l’âge adulte (capsule 335)

logo de Kino-QuébecIl est bien connu qu’un mode de vie physiquement actif est associé à des effets salutaires sur les plans physique et mental. Dans les faits, la promotion de la pratique régulière d’activités physiques chez les enfants et les adolescents est souvent vue comme un moyen de s’assurer qu’ils seront actifs à l’âge adulte. Cependant, peu d’études ont été menées pour vérifier cette idée. La présente étude décrit la relation entre la pratique d’activités physiques étant jeune et le niveau d’activité physique plus tard, à l’âge adulte.

On s’est servi des données d’une étude qui s’est échelonnée de 1964 à 1973 (SGDS-I) et portant sur une cohorte de 207 garçons de sept ans sélectionnés selon une base stratifiée aléatoire (selon l’occupation du père) d’une école primaire de Saskatoon en Saskatchewan. Un plus petit groupe de fille de sept à dix ans a été ajouté pour cinq années consécutives (1965-1970) pour un total de 148 filles. Des données sur ces enfants ont été analysées annuellement dans le cadre d’une étude longitudinale (garçons) et d’une étude mixée longitudinale (filles). De cette première étude, 70 hommes et 44 femmes ont accepté de participer à la recherche. Les mesures étaient d’ordre physiologique et physique et portaient aussi sur l’historique d’habitudes de vie.

Les chercheurs ont sélectionné les sujets suite à l’entrevue dirigée selon l’objet de l’étude soit : être en mesure de raconter leur expérience en lien avec la pratique d’activités physiques à l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Voici les résultats obtenus chez les hommes et femmes actifs, moyennement actif et inactifs :

Femmes

Femmes Transition Poids corporel et préoccupation de la forme du corps4 L’influence des autres
Amis Parents Partenaire, époux, enfants Professeurs et entraîneurs
Actives

Toutes les femmes ont été affectées par les transitions durant leur enfance (l’école primaire à l’école secondaire, la maturation physiologique, particulièrement le gain de poids5)

+ « Je ne me laisserais jamais devenir grosse et être inactive »

Pouvaient avoir une influence + ou – selon les circonstances. Certains amis encourageaient l’activité physique alors que d’autres préféraient les activités sédentaires. Il était plutôt difficile de jouer à des sports, la plupart du temps les filles pratiquaient des activités physiques non-structurées

++ Beaucoup de support émotionnel et financier des parents. Elles avaient des parents modèles.

+++ Les femmes qui sont devenues actives à l’âge adulte ont été supportées et encouragées de manière significative par leurs pairs6

++

Moyennement actives

+ « si je ne perds pas de poids à quoi ça sert d’être active »

+/- -
Inactives

+/- « De rester mince ça c’est un élément motivateur, plus qu’être en santé. »

--7 Pas de support

- Manque d’enseignement d’habiletés motrices de base La tenue vestimentaire Le choix des équipes L’apparence évidente des habiletés physiques au secondaire

Hommes

Hommes L’influence des autres Grandeurs poids et maturation1 Habiletés physiques
Amis Parents Frères et soeurs Professeurs et entraîneurs
Actifs

+ (amis actifs)

+

+

+

N/A2

N/A; ils ont travaillé pour développer les habiletés nécessaires au sport3

Moyennement actifs

+/-

-

+/-

  • Mauvais souvenirs
  • Choix des équipes
  • Temps de jeu
  • Peu d’habiletés enseignées
  • Les athlètes et les plus talentueux avaient plus d’attention
  • Mauvaise attitudes envers ceux qui avaient plus de difficultés

-

-

Inactifs

- se dirigeaient plutôt vers des activités physiques non-structurées

--

-

-

-

-

Conclusion

Les expériences vécues durant l’enfance et l’adolescence ont un effet sur le niveau d’activité physique à l’âge adulte et ce, autant pour les filles que pour les garçons. L’adolescence semble être un moment critique où l’individu adopte un mode de vie physiquement actif ou non. Le nombre d’expériences positives vécues à cette étape de la vie est d’une grande importance. Afin de faciliter l’intégration des activités physiques chez les enfants et les adolescents, toutes les facettes de la pratique d’activités physiques doivent être considérées, dont l’éducation et la programmation. La programmation, son contenu et la manière dont sa publicité sera conçue, doit pouvoir inclure les garçons et les filles moins talentueux, les petits et les obèses. Les professeurs doivent être bien préparés à leur rôle d’éducateur physique tout comme les entraîneurs communautaires. L’initiation d’activités physiques et sportives diverses et l’acquisition adéquate d’habiletés motrices de base à l’enfance et l’adolescence sont nécessaires pour qu’un individu à l’âge adulte pratique des activités physiques. Le support des parents ne doit pas être négligé.

Rédaction : Karima Djellouli et Guy Thibault- Kino-Québec

Référence

1 : La maturation réfère aux changements physiologiques lors de la puberté

2 : Les hommes actifs durant l’enfance choisissaient des sports qui favorisaient leur grandeur ou leur poids, ils n’ont pas vécu de barrière quant à la pratique d’activités physiques.

3 : Les hommes qui étaient soutenus travaillaient pour développer leurs habiletés et persévéraient dans le sport, tandis que les autres cessaient puisqu’ils n’étaient pas supportés.

4 : La préoccupation vis-à-vis du poids corporel est de plus en plus présente en vieillissant. Les femmes sont plus préoccupées par leur poids à l’âge adulte qu’à l’adolescence et l’enfance. À l’âge adulte, elles ont de la difficulté à intégrer l’activité physique dans leur routine, mais elles tiennent à garder leur corps en forme. Elles optent, dans la mesure du possible, pour la marche et le vélo pour se rendre au travail.

5 : L’augmentation du nombre d’élève dans les classes d’éducation physique, la compétition (école secondaire), le manque d’attention du professeur, la formation de cliques, la perte de confiance en soi concernant les habiletés motrices et l’augmentation de l’attention sur les autres cours ont eu des effets négatifs sur leur participation. Les filles se sentaient intimidées, elles trouvaient que les autres étaient plus talentueuses, et elles avaient le sentiment que certaines joueuses étaient préférées et présélectionnées. Les filles ont besoin de sentir qu’elles font partie d’un groupe. Si elles ne se sentent pas à l’aise dans les sports, c’est souvent à ce moment qu’elles commencent à fumer, pour faire partie d’un groupe.

6 : À l’âge adulte, les femmes ont tendance à prioriser l’organisation de la famille, ensuite elle-même. La famille est souvent une barrière à la participation à des activités physiques.

7 : Les parents n’étaient pas des modèles, ils étaient trop occupés pour jouer avec elles. Ils n’encourageaient la pratique d’activité physique, ils ne comprenaient pas son l’importance. Ils ne leur permettaient pas de s’impliquer dans les sports à l’école parfois pour des raisons financières.

Thompson MA et coll., (2003) A longitudinal study of the impact of childhood and adolescent physical activity experiences on adult physical activity perceptions and behaviors. Qualitative Health Research 13(3).

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