Le développement des habiletés motrices s’accompagne d’une amélioration des résultats scolaires de l’enfant (capsule 189)

Chez le jeune enfant, la performance motrice et les résultats scolaires sont généralement associés positivement. Par conséquent, on estime qu’une intervention visant le développement des qualités motrices pourrait s’accompagner d’une amélioration des résultats scolaires des élèves.

L’objectif de cette étude suédoise était d’examiner, parmi des élèves de la 1re à la 3e année, les effets d’un entraînement des qualités motrices sur :

• les habiletés motrices,
• la capacité d’attention,
• la réussite scolaire.

Cette recherche s’inscrit dans le cadre du Bunkeflo Project, un projet de promotion d’un mode de vie actif. Trois cohortes consécutives d’élèves ont été suivies de la 1ère à la 3e année. Une première cohorte de 99 élèves a été assignée au groupe témoin alors que les deux cohortes subséquentes, 152 élèves au total, ont formé le groupe expérimental. Ce dernier bénéficiait quotidiennement de cours d’éducation physique ciblant le développement des qualités motrices. Le groupe témoin recevait deux cours d’éducation physique par semaine.

L’évaluation annuelle à l’aide d’une batterie de 16 tests (MUGI : motor skills as foundation for learning) a fourni une mesure des habiletés motrices d’équilibre et de coordination. Le Conners, un questionnaire évaluant la capacité d’attention et du contrôle de l’impulsivité de l’enfant, était rempli annuellement par le titulaire de classe, ainsi que par le parent, au début et à la fin du projet. Finalement, la passation de tests standardisés d’évaluation de la performance en suédois et en mathématiques par les élèves de 2e année a été utilisée comme indice de la réussite scolaire.

Résultats

Des analyses préliminaires révèlent que les cohortes étudiées sont similaires quant à la scolarité des parents, le revenu familial, l’attitude à l’égard de l’activité physique et la pratique d’activités physiques dans les loisirs. Par conséquent, ces facteurs ne semblent pas responsables des différences trouvées entre le groupe expérimental et le groupe témoin.

L’efficacité de l’intervention est déterminée à partir d’une comparaison entre le groupe témoin et le groupe intervention aux mêmes âges. Les résultats sont également examinés en fonction du sexe et de la performance motrice en début d’étude.

Habiletés motrices

• Après un an, le groupe expérimental a de meilleures habiletés motrices que les enfants du groupe témoin. Cette différence est amplifiée au terme des trois années d’intervention.
• Lors de la première évaluation, les filles avaient de meilleurs résultats que les garçons. L’entraînement moteur a dissipé les différences préexistantes entre les garçons et les filles.

Capacité d’attention et habiletés motrices

• Parmi les enfants ayant un problème de capacité d’attention, 68 % présentent également des difficultés sur le plan moteur.
• Les enseignants rapportent une meilleure capacité d’attention chez le groupe expérimental au terme de la 1ère et de la 2e année. Aucune différence n’est trouvée en 3e année.
• Selon l’appréciation parentale, le programme d’intervention a amélioré la capacité d’attention chez les filles.
• Chez les enfants ayant des difficultés sur le plan moteur et bénéficiant du programme d’intervention, on observe une amélioration de la capacité d’attention en 2e et en 3e année.

Habiletés motrices et réussite scolaire

• Au début du projet, les enfants du groupe témoin avaient de meilleures habiletés en lecture que les enfants du groupe expérimental.
• En 2e année, lors de la passation des tests standardisés, les élèves du groupe expérimental obtenaient de meilleurs résultats que ceux du groupe témoin. Des différences étaient observées pour la performance globale en mathématiques et en suédois, ainsi que pour la moitié des sous-tests complétés.
• Chez les garçons, les bienfaits du programme d’intervention se généralisent à tous les aspects de la réussite en mathématiques.
• Les bienfaits l’entraînement moteur s’étendent à un plus grand nombre d’aspects de la réussite scolaire chez les élèves ayant des difficultés motrices.

Pour résumer, il apparaît que le programme d’intervention a été bénéfique au développement des habiletés motrices ainsi qu’à la réussite scolaire des élèves de la 1ère à la 3e année. Il semble que les gains sont particulièrement importants chez les enfants ayant des difficultés sur le plan moteur. Cette recherche souligne l’intérêt de développer adéquatement les habiletés motrices du jeune enfant non seulement pour qu’il puisse en retirer des bénéfices dans sa pratique d’activités physiques, mais aussi pour favoriser sa réussite scolaire en lecture, en écriture et en mathématiques.

Toutefois, dans cette recherche, l’entraînement des qualités motrices ne semble pas améliorer la capacité d’attention de l’enfant. Effectivement, les résultats sont équivoques d’une année à l’autre.

Finalement, l’effet direct de l’entraînement moteur sur l’apprentissage demeure difficile à cerner puisque des facteurs psychosociaux peuvent avoir influé sur la relation. Par exemple, il est possible que les enseignants et les élèves du groupe expérimental aient développé une attitude plus positive.

Rédaction : Mathilde St-Louis-Deschênes et Guy Thibault - Kino-Québec

Référence

Ericsson I (2008) Motor skills, attention and academic achievements. An intervention study in school years 1-3 British Educational Research Journal 34(3):301-13. www.informaworld.com