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L’environnement des espaces d’activités physiques, les comportements alimentaires et l’activité physique: une étude pilote (capsule 332)

logo de Kino-QuébecAu cours des dernières décennies, des recherches ont permis de comprendre l’effet de l’environnement géographique d’un individu sur son niveau d’activité physique, son alimentation et son poids corporel.

Dans cette recherche, on s’est penché sur la relation entre la démographie individuelle, l’environnement du quartier, les espaces dédiés pour les activités, et les comportements associés (alimentation et activité physique). Pour ce faire, les participants ont été suivis à l’aide d’un GPS pendant sept jours, excluant les activités aquatiques. En général, les espaces d’activité des participants étaient à l’extérieur de leur quartier résidentiel. L’aspect environnemental du quartier résidentiel et les espaces dédiés aux activités physiques étaient faiblement associés, alors que certains aspects environnementaux étaient liés au comportement alimentaire. Le concept d’espaces d’activité peut amener une nouvelle compréhension quant à l’effet de l’environnement sur les comportements reliés à l’obésité.

L’étude s’est déroulée à Détroit. Tous les participants devaient participer aux trois étapes de l’étude, soit l’entrevue de départ, le port du GPS pendant sept jours ainsi que de l’accéléromètre, et finalement l’entrevue de suivi.

Les caractéristiques des environnements des quartiers de chacun des participants ont été mesurées et tous leurs déplacements ont été relevés par GPS toutes les sept secondes.

On a utilisé les données du GPS pour déterminer les déplacements quotidiens en plus de créer une ellipse standard déviée qui couvre environ 68 % de tous les points GPS enregistrés. L’axe long de l’ellipse représente là où il y a le plus de dispersion entre les points GPS enregistrés alors que l’axe court là où il y a le moins de dispersion. Cette ellipse permet donc, sur une carte géographique, de visualiser le secteur où la majorité des déplacements sont réalisés par les participants.

Les participants de l’étude sont à dominance féminine africaine-américaine ou latine. La médiane de la durée des activités physiques quotidiennes d’intensité moyenne ou élevée est de 8,2 minutes.

On a noté une plus grande variabilité de la distance des déplacements quotidiens comparé à l’ellipse déviée; 100 % des déplacements journaliers et 78 % de l’ellipse standard déviée étaient plus dispersés que le quartier résidentiel. On a aussi remarqué une très grande variabilité dans la densité des points de restauration rapide avec une grande variabilité au niveau de l’ellipse standard déviée dans le nombre de lieux de restauration rapide par mètre carré que dans les déplacements quotidien. L’ellipse standard déviée révélait aussi une grande variabilité concernant le pourcentage des territoires résidentiels dédiés aux parcs par rapport à celle retrouvé lors des déplacements quotidiens. En ce qui a trait aux supermarchés, au total, 35 % et 76,7 % y ont accès dans leur ellipse standard déviée ou leur déplacement quotidien.

Les participants actifs (ceux qui travaillaient) et qui possédaient une voiture avaient de plus grands déplacement que ceux qui en n’avaient pas. Les secteurs d’activités quotidiennes n’ont pas de différences significatives quant à l’âge, le genre, l’ethnie, le revenu ou bien l’éducation. Peu de différences statistiques ont été trouvées dans les secteurs d’activité selon les caractéristiques démographiques. Les points de vente de restauration rapide ne différaient pas selon l’âge, le genre, l’ethnie et la position socioéconomique. Selon le déplacement quotidien et l’ellipse standard déviée, les propriétaires de voiture, contrairement aux non-propriétaires, avait accès plus facilement à un supermarché. Même si aucun participant n’avait un supermarché dans leur secteur résidentiel, le supermarché était présent dans leur ellipse standard déviée ainsi que dans leurs déplacements quotidiens.

Les points de vente de restauration rapide dans les quartiers résidentiels n’étaient pas associés à la consommation de gras saturés, de fruits et légumes ou de produits céréaliers. Néanmoins, la présence de ce type de restaurant dans les déplacements quotidiens augmentait la consommation de gras saturé et diminuait celle de produits céréaliers. Aucune association n’a été décelée à propos de la consommation de fruits et légumes et la présence de supermarchés.

De plus, aucune association n’a été trouvée concernant le niveau d’activité physique d’intensité moyenne à élevée et la présence de parc et de terrain de jeux dans les secteurs résidentiels.

L’aspect environnemental des quartiers résidentiels est, en général, négativement associé aux espaces d’activités quotidiens des individus. Cela signifie que l’aspect environnemental sain des quartiers résidentiels aura peu d’influence sur l’individu qui, à tous les jours, est exposé à un autre environnement, soit un espace d’activité extérieur à celui de son quartier résidentiel. On dénote aussi une différence socioéconomique quant aux espaces consacrés aux activités quotidiennes chez les participants qui ne possèdent pas de voiture. Leur espace d’activité est plus petit, ce qui concorde avec la littérature, les gens qui ont une position socioéconomique faible accordent une plus grande importance à l’environnement local.

Les espaces d’activités des individus sont structurés en grande partie par :

  • a localisation des activités obligatoires, tel que le travail;
  • le revenu;
  • la condition physique (limitation de santé physique);
  • le social (discrimination, les amis, etc.);
  • les ressources;
  • les contraintes.

La recherche a aussi permis de remarquer que les résidents urbains avaient un revenu annuel plus bas et que les Africain-Américains avaient généralement un accès limité aux supermarchés, mais un accès plus facile à la restauration rapide que leurs homologues Blancs au revenu avantagé.

Peu importe la position socioéconomique, même si les supermarchés dans les espaces d’activité quotidiens n’étaient pas associés avec la consommation alimentaire, la recherche révèle qu’une plus grande accessibilité aux supermarchés dans les secteurs résidentiels est associée à de meilleurs comportements alimentaires. La présence de points de vente de restauration rapide contribue à l’apport alimentaire quotidien.

Généralement, les individus passent plus de temps dans un environnement qui est beaucoup plus vaste que celui à proximité de leur résidence. Cette étude met en évidence l’influence des espaces d’activité quotidiens sur les comportements ayant un effet sur le poids corporel. Une approche orientée vers les espaces d’activités des individus apporte de nouvelles avenues pour la recherche qui permettra d’obtenir une compréhension complémentaire sur les répercussions de l’environnement géographique et de son influence sur les comportements liés au poids. Ces recherches permettront, également, d’orienter les interventions.

Rédaction : Karima Djellouli et Guy Thibault - Kino-Québec

Référence

Zenk SN (2011) Activity space environment and dietary and physical activity behaviors: A pilot study. Health & Place 17(5):1150-61.

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