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L’inactivité physique chez les adolescentes noires: est-ce une question d’attitude? (capsule 336)

logo de Kino-QuébecLe taux de mortalité aux États-Unis relié aux maladies chroniques tels que les maladies du cœur, le diabète, l’hypertension et l’obésité demeure disproportionnellement élevé chez les femmes noires en comparaison aux femmes blanches.

Parmi tous les facteurs responsables de cet écart entre les femmes blanches et les femmes noires figure le niveau d’activité physique. Or, la participation à des activités physiques est en déclin, particulièrement chez les femmes noires. Ce déclin se manifeste aussi chez les adolescentes noires.

Dans cette étude, on s’est penché sur l’attitude des adolescentes noires envers la pratique d’activités physiques, puisqu’à la lumière des recherches effectuées, l’attitude serait l’élément clé pour promouvoir la pratique auprès de ces jeunes.

Chez les adolescentes noires, les études qualitatives révèlent que les 3 principaux thèmes pertinents quant à leur attitude sont l’apparence et l’image, les stéréotypes et l’influence des parents.

L’apparence et l’image

Selon les chercheurs qui ont mené cette étude, les adolescentes noires ne perçoivent pas le poids corporel comme une problématique, elles ont une vision du corps différente des adolescentes blanches et elles ont moins tendance à contrôler leur poids par l’exercice physique. Les Noires seraient plus tolérantes au gain de poids et seraient généralement plus satisfaites de leur image corporelle que les Blanches. Elles mentionneront souvent : « Je suis grosse, mais pas grasse ».

Toujours selon les chercheurs, pour plusieurs d’entre elles, une personne obèse est une personne qui a une masse corporelle extrêmement élevée, et l’exercice n’est utile que pour perdre du poids. Elles voient l’activité physique comme une pratique non plaisante qui défait leurs cheveux et leur maquillage. L’entretien des cheveux est une grande préoccupation chez les adolescentes noires. Plusieurs filles ne pratiquent pas d’activités physiques car elles n’ont pas suffisamment de temps pour prendre une douche et se changer. Quelques filles se sentent embarrassées devant les garçons à cause de leur manque d’habiletés, et ne veulent pas qu’on rit d’elles.

Stéréotypes

Bien souvent, les filles se sentent moins féminines lorsqu’elles sont physiquement actives; elles mentionnent que ce sont uniquement les « tomboy » qui font des activités physiques. Pour elles, être « tomboy » signifie être moins attirante pour les garçons. Quelques filles ont mentionné ne pas vouloir être agacées par les garçons durant les cours d’éducation physique, c’est pourquoi elles n’y assistaient pas.

L’influence parentale

Les adolescents bénéficient du modèle de leur parent quant à l’adoption de saines habitudes de vie, il est donc important que le parent encourage, soutienne et promeuve la pratique régulière d’activités physiques. Les études révèlent que les filles qui ont des parents plus encourageants sont plus actives que celles dont les parents ne les encourageaient pas. Ces filles plus actives ont souligné l’importance d’avoir une famille et des parents qui les soutiennent et les encouragent dans leur décision d’être active. L’influence parentale a le même effet chez les adolescentes noires que chez les adolescentes blanches.

L’attitude

Selon la littérature scientifique, l’attitude est façonnée par les expériences, les croyances et les influences culturelles. Elle est définie comme la vision, positive ou négative, qu’un individu ressent à propos d’un comportement. Plusieurs études indiquent que l’attitude vis-à-vis de l’activité physique est un aspect important pour s’engager dans une activité. Afin de favoriser la pratique régulière d’activités physiques chez les adolescentes noires, un élément semble être essentiel : le plaisir.

En agissant sur la notion de plaisir, on vient d’abord modifier l’attitude pour ensuite améliorer la vision des adolescentes concernant la pratique d’activités physiques. Inclure le plaisir et l’amusement dans les activités a pour effet d’augmenter la pratique d’activités physiques chez les adolescentes (50,2 % chez les Noires) et favorise son maintien. Offrir de la danse dans les cours d’éducation physique favorise, selon l’étude, la pratique d’activités physiques chez cette population puisque la danse est considérée comme une forme d’expression et de communication amusante en plus d’être valorisée culturellement.

Pour rejoindre la communauté noire et la sensibiliser à la valeur d’un mode de vie physiquement actif, il est essentiel de prendre en considération sa culture dans l’objectif de développer des programmes qui correspondent à ce qui est important pour elle. Les interventions sont plus efficaces lorsqu’elles sont destinées spécifiquement à la population desservie. Par exemple, pour la communauté noire, l’église occupe une place de choix. Afin de mousser la participation des adolescentes noires, il semble bénéfique, selon les études, de créer des partenariats entre les centres de santé et les églises pour faire la promotion de la santé. Cibler les interventions sur l’amélioration de l’attitude qu’elles ont vis-à-vis de la pratique d’activités physiques est aussi la clé du succès chez cette population.

Rédaction : Karima Djellouli et Guy Thibault - Kino-Québec

Référence

Thompson WM (2011) Physical Inactivity of black adolescent girls: Is it all about attitude? Home Health Care Management & Practice 23(3). http://hhc.sagepub.com/content/23/3/186.abstract

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