À la suite de l’augmentation des maladies chroniques et des problèmes reliés au poids, plusieurs écoles canadiennes se sont dotées de politiques visant la nutrition et l’activité physique dans un objectif de prévention.
Afin de vérifier si ces politiques ont un effet réel sur la population visée, il importe de mesurer et d’évaluer l’efficacité de ces politiques.
La présente étude fournit un aperçu des principales problématiques entourant la surveillance et l’évaluation de politiques concernant la nutrition et l’activité physique dans les milieux scolaires canadiens. Elle vise aussi à déterminer les domaines où la recherche est nécessaire pour renforcer les données probantes et guider l’élaboration d’approches efficaces en matière de surveillance et d’évaluation.
Afin de rencontrer leurs objectifs, les chercheurs ont analysé tous les documents s’appuyant sur les données primaires et le document de synthèse traitant spécifiquement de l’évaluation des politiques de nutrition entre janvier 1992 et janvier 2009, en plus des résultats trouvé dans les bases de données (MEDLINE, Highwire Press, CINAHL, SCOPUS et Google Scholar).
Le document de l’OMS sur l’alimentation, l’exercice et la santé propose 3 types d’indicateurs pour évaluer la portée des programmes et des politiques. Ces indicateurs sont de 3 types : de processus (mesurant le progrès accompli et la façon d’exécuter les tâches), d’extrants (mesurant les produits découlant du processus) et de résultats (mesurant les résultats finaux des actions entreprises ex. : les changements sur le plan des connaissances). Même si l’évaluation est principalement axée sur les pays et les écoles, les indicateurs doivent être saisis à d’autres niveaux pertinents si nous voulons être en mesure d’évaluer correctement. Présentement, les indicateurs utilisés varient d’une province à l’autre, d’un district à l’autre, etc. L’école, le district scolaire, la province et le pays doivent s’entendre pour effectuer une évaluation avec les mêmes indicateurs. De cette manière, il sera plus facile de comparer l’efficacité des différentes politiques interprovinciales.
Les sources de données de surveillance de santé et d’évaluation peuvent aussi compliquer l’évaluation. Il est important de choisir des indicateurs d’évaluation selon les objectifs de la politique. On ne peut pas mesurer la réussite d’une politique de distribution de fruits frais ou d’un plan de transport actif en évaluant seulement l’indice de masse corporelle. Plusieurs outils permettent de recueillir des informations sur les politiques. Au Canada, le Planificateur des écoles en santé (PES) comprend des fonctions de mesure, de planification et d’évaluation en tenant compte de 3 habitudes de vie : l’alimentation, l’activité physique et le tabagisme. Il permet aux écoles de faire une démarche d’autoévaluation en plus de créer des rapports régionaux à partir des données recueillies dans les milieux scolaires.
Du côté de l’activité physique, il existe une grande variété d’instruments pour évaluer le taux de participation à des activités physiques, notamment le SIPESE (système d’intervention, de planification et d’évaluation de la santé dans les écoles) qui comprend un module sur l’activité physique et qui tient compte de l’environnement alimentaire. L’évaluation des programmes/politiques en activité physique à l'aide des outils comporte des défis. Il est difficile de séparer la pratique d’activité physique à l’école de celle réalisée en dehors de l’école avec les outils disponibles puisqu’ils comptabilisent les activités réalisées dans la journée entière. L’analyse est alors complexe, car il est difficile d’évaluer si la politique scolaire, ou bien le programme, est réellement bénéfique pour l’enfant. De plus, certains outils simples, comme le podomètre, ne peuvent être utilisés à bicyclette et en natation. L’utilisation de registre détaillé peut être une avenue intéressante, cependant cela nécessite beaucoup de temps et l’évaluation est très coûteuse.
Lors de l’application de politiques, il importe de documenter toutes les interventions et non seulement la finalité (la consommation alimentaire et le taux de participation à des activités physiques), car l’engagement de la direction, de la communauté ainsi que la disponibilité des ressources a un effet important sur la réussite ou l’échec d’une politique. Il faut être prudent dans les évaluations quand les données sont autorapportées ou bien dans les biais par l’absence de réponse. Il est préférable d’adopter une approche globale d’évaluation parce qu’il est parfois difficile d’évaluer l’effet spécifique d’une intervention sur la santé et les comportements des élèves. Il est nécessaire que du financement soit disponible pour effectuer d’autres recherches en évaluation de politique de nutrition et d’activité physique afin de connaître les approches en plus de se doter d’une méthodologie d’évaluation commune, s’inscrivant dans le cadre de l’OMS, à tous les paliers, dans toutes les provinces.
Rédaction : Karima Djellouli et Guy Thibault - Kino-Québec
Référence
Taylor JP et coll. (2010) « Surveillance et évaluation des politiques de nutrition et d’activité physique en milieu scolaire », Revue canadienne de santé publique 101(2). http://journal.cpha.ca/index.php/cjph/article/view/1914