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Commentaires sur le poids : le cri du cœur de l’animatrice Saskia Thuot

Fannie DagenaisFannie Dagenais
Directrice
ÉquiLibre
17 novembre 2014

«T’as pas maigri beauté!».
En mars dernier, l’animatrice Saskia Thuot reçoit ce commentaire d’un fan sur sa page Facebook. Elle y répond par un cri du cœur qui touchera des milliers de Québécois. Dans les jours qui ont suivi, son post a été vu par 600 000 personnes et sa page Facebook inondée de milliers de messages d’appui.

Si le cri du cœur de Saskia a créé un tel émoi, c’est qu’il touchait une corde sensible. Car il faut bien l’admettre, lorsqu’il est question de poids et d’apparence, nous sommes nombreux à nous sentir vulnérables.

Parler de poids : un peu, beaucoup, passionnément…

Le poids est un sujet qui se retrouve bien souvent au cœur de nos conversations, tel que le confirme les résultats d'un sondage Web1 mené par ÉquiLibre auprès de 1 900 femmes2 en septembre dernier. En effet, plus de 60% des femmes ont rapporté parler souvent ou parfois de poids avec leurs ami(e)s, et 40% avec leurs collègues de travail. Il semble que le poids soit également une source de préoccupation personnelle : près d’une femme sur deux a rapporté parler souvent de son propre poids. Par ailleurs, les femmes ne sont pas les seules à parler de leur poids, puisqu’une femme sur cinq a répondu que son conjoint parle lui aussi souvent de son poids.

Critiquer le poids des autres… moi?

La donnée la plus triste du sondage est sans doute celle-ci : une femme sur quatre affirme recevoir fréquemment des commentaires négatifs sur son poids. De qui ces commentaires viennent-ils? Selon les répondantes au sondage, il semblerait que leur mère (42%) et leur conjoint (31%) seraient les plus souvent à l’origine de ce type de commentaires.

Cette donnée est d’autant plus préoccupante que lorsqu’on demandait à ces femmes ce que suscitait chez elles ce type de commentaires, 62% ont répondu de la tristesse, 48% de l’insatisfaction corporelle, 41 % de la culpabilité à ne pas s’entraîner plus et 35% de la culpabilité à ne pas manger mieux.

Précisions sur le sondage web

  • Le fait que l’échantillon soit issu d’une méthode d’échantillonnage de convenance (qui n’est pas aléatoire) et que les résultats ne soient pas pondérés confère à ces derniers une portée davantage qualitative que quantitative. Par conséquent, les résultats ne peuvent être inférés à aucune population. Ils donnent néanmoins un aperçu de l’opinion des répondants.
  • Le nombre d’hommes ayant complété le sondage étant insuffisant pour tirer des conclusions, seules les réponses des femmes ont pu être analysées.

« Oui, mais je voulais juste l’aider à se prendre en main… »

Les standards de beauté irréalistes de notre société font qu’une grande proportion de la population vit de l’insatisfaction à l’égard de son corps. Dans un tel contexte, un commentaire sur le poids risque fort de porter atteinte à l’estime de soi et de mener à l’adoption de comportements nuisibles pour la santé, en vue d’atteindre une silhouette jugée idéale.

Rappelons qu’au Québec, une femme sur cinq2 affirme que des commentaires sur son poids l’ont déjà amenée à se mettre au régime. Les jeunes qui vivent de l’insatisfaction corporelle ont pour leur part tendance à sauter des repas3 ou encore fumer4 pour contrôler leur poids.

Et si on parlait d’autre chose?

À force de parler de poids, nous contribuons tous à entretenir le culte de la minceur, déjà bien présent dans notre société. De plus, nous risquons, sans le vouloir, de blesser des personnes autour de nous, que ce soit nos collègues, nos amis, notre conjoint ou nos enfants.

Du 10 au 14 novembre dernier, l’animatrice Saskia Thuot et l’organisme ÉquiLibre invitaient le public à relever le défi de ne pas parler de poids pendant une semaine. La Semaine « Le poids? Sans commentaire! », développée par ÉquiLibre, a connu un grand succès. Plus de 800 écoles et organismes communautaires ont commandé une trousse de sensibilisation et un total de 33 entrevues ont été accordées, générant plus de 50 retombées dans les médias!

Pourquoi ne pas poursuivre le défi tout au long de l’année?

La publication de ce billet de Fannie Dagenais sur Veille Action a été autorisée par le Groupe ÉquiLibre.

Références

1 ÉQUILIBRE. « Résultats du sondage », La Semaine « Le poids? Sans commentaire!» [En ligne], 2014.http://lepoidssanscommentaire.ca/resultats-sondage/ (consulté le 10 novembre 2014)

2 Poids, image corporelle et habitudes de vie : les différences entre les hommes et les femmes. Étude réalisée par SOM pour le compte d’ÉquiLibre, octobre 2012.

3 LEDOUX, M., L. MONGEAU et M. RIVARD (2002). « Poids et image corporelle » dans l’Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois 1999, Québec, Institut de la statistique du Québec, chapitre 14, p. 311-344.

4 LEDOUX, M. et M. RIVARD (2000). « Poids corporel » dans l’Enquête sociale et de santé 1998, 2e édition, Québec, Institut de la statistique du Québec, chapitre 8, p. 185-200.

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Fannie Dagenais

Fannie Dagenais

Dt. P., M.Sc

Directrice et porte-parole
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Corinne Voyer

Corinne Voyer

Directrice
Coalition québécoise sur la problématique du poids
Depuis septembre 2013,
Corinne Voyer est directrice à la Coalition québécoise sur la problématique du poids.
Son parcours universitaire et professionnel lui a permis de développer une expertise en prévention de l’obésité, en promotion des saines habitudes de vie, en stratégie d’influence et en communication.