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Parlons-nous trop de poids?

Fannie DagenaisFannie Dagenais
Directrice
ÉquiLibre
11 novembre 2013

Il y a ces commentaires qu’on fait pour complimenter une amie, une collègue : « Wow, tu es radieuse! As-tu perdu du poids? » Ceux teintés par l’envie : « On sait bien, ELLE, avec le corps qu’elle a... » Ceux nourris par des préjugés : « T’as vu comme la voisine a pris du poids? Elle se laisse vraiment aller! » Et ceux – les pires – qu’on se fait à soi-même : « J’ai encore pris 2 livres... Je n’ai aucune volonté! »

Force est de constater que les commentaires sur le poids sont omniprésents dans nos conversations. La question se pose : le sont-ils trop?

Le poids... n’est-ce pas un sujet comme un autre? Tant qu'à parler de météo, pourquoi ne pourrions-nous pas parler de poids? À la rigueur, ne devrions-nous pas nous réjouir que les gens en parlent, étant donné la haute prévalence de l’obésité?

Hélas! Le poids ne peut pas être considéré comme n’importe quel autre sujet. Du moins, pas dans la société dans laquelle nous vivons. Au Québec, 62 % des femmes disent ressentir une pression sociale pour être minces, et un adolescent sur deux est insatisfait de son corps. Dans un tel contexte, un commentaire sur le poids est fort susceptible de toucher une corde sensible chez celui qui le reçoit. Le fait est que nous sommes collectivement vulnérables sur cette question.

Les commentaires sur le poids, même s’ils ne sont pas dits avec l’intention de blesser, peuvent faire naître ou exacerber une insatisfaction corporelle. Ils peuvent porter atteinte à l’estime de soi et mener à l’adoption de comportements nuisibles pour la santé. Au Québec, une femme sur cinq affirme que des commentaires sur son poids l’ont déjà amenée à se mettre au régime. Les jeunes qui vivent de l’insatisfaction corporelle ont pour leur part tendance à sauter des repas ou encore à fumer dans le but de contrôler leur poids.

Selon une récente étude, près de 40 % des adolescentes auraient déjà reçu des commentaires négatifs sur leur poids de la part de leurs frères, sœurs, parents et amis. Préoccupant, n’est-ce pas?

En accordant autant d’importance au poids dans nos conversations, nous contribuons à renforcer les normes sociales de minceur de notre société. N’est-il pas temps de parler d’autre chose?

Le 11 novembre, ÉquiLibre et ANEB Québec lancent la 2e édition de la Semaine « Le poids? Sans commentaire! » et invitent les Québécois à ne pas parler de poids pendant une semaine.

Pourrez-vous relever le défi?

Ce billet de blogue est publié sur Veille Action avec la permission d'ÉquiLibre

Pour en savoir plus sur la Semaine «Le poids? Sans commentaire!» et découvrir les outils de sensibilisation à télécharger : www.lepoidssanscommentaire.ca

Semaine Le poids? Sans commentaire!

Références :

Blackburn, M.-E., Dion, J., & Ross, A. (2009). Évolution de l’estime de soi et de l’insatisfaction de son image corporelle de 14 à 18 ans. Acte du 29e Colloque de l’Association québécoise de pédagogie collégiale, 77-86.

Ipsos-Reid (2008). Attitude des femmes envers la gestion du poids, Les Producteurs laitiers du Canada.

Pica, L.A. et coll. (2012). Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011. Le visage des jeunes d’aujourd’hui : leur santé physique et leurs habitudes de vie, Tome 1, Québec, Institut de la statistique du Québec, 256 p.

Poids, image corporelle et habitudes de vie : les différences entre les hommes et les femmes. Étude réalisée par SOM pour le compte d’ÉquiLibre, octobre 2012.

Nos blogueurs

Fannie Dagenais

Fannie Dagenais

Dt. P., M.Sc

Directrice et porte-parole
ÉquiLibre


Corinne Voyer

Corinne Voyer

Directrice
Coalition québécoise sur la problématique du poids
Depuis septembre 2013,
Corinne Voyer est directrice à la Coalition québécoise sur la problématique du poids.
Son parcours universitaire et professionnel lui a permis de développer une expertise en prévention de l’obésité, en promotion des saines habitudes de vie, en stratégie d’influence et en communication.