Agriculture urbaine commerciale à Boston : une démarche mobilisatrice
La ville de Boston a mis en place, depuis 2010, plusieurs mesures pour encourager l’agriculture urbaine commerciale sur son territoire, a-t-on pu apprendre lors d’une conférence organisée par le Système alimentaire montréalais1 (SAM), le 3 novembre à Montréal.
Edith Murnane
Il faut savoir que la ville de Boston était déjà une pionnière en matière d’agriculture urbaine, comme l’a expliqué Edith Murnane directrice du Conseil de politique alimentaire de Boston et directrice du Mayor’s Office of Food Initiatives, de 2010 à 2014
« En 2010, Boston comptait déjà 200 jardins communautaires, 120 jardins scolaires, 80 vergers et 30 marchés fermiers, a-t-elle raconté. Le maire Thomas Menino avait choisi de soutenir financièrement toutes ces initiatives dès le début de son mandat, en 1993, en y investissant 500 000 $ par année ».
Toutefois, ce système d’agriculture urbaine bien développé ne permettait pas la vente des aliments récoltés à Boston. Et un entrepreneur a constaté que la ville comptait de nombreux lots vacants favorables à la création de microfermes. « Le maire Menino a non seulement trouvé l’idée intéressante, mais il est aussi passé à l’action pour que l’agriculture commerciale puisse vraiment se développer à Boston », a souligné Mme Murnane.
Les principales étapes du processus
2010. Le maire crée le Bureau des initiatives alimentaires (Mayor's Office of Food Initiatives) dont un des mandats est de faire avancer le dossier de l’agriculture urbaine commerciale auprès du Conseil de politique alimentaire de Boston2.
2010-2013. En collaboration avec plusieurs partenaires, ce bureau a amorcé un processus très poussé de consultation et de concertation pour produire l’article 89, dans le but de l’inclure dans le règlement de zonage de Boston. « Adopté en décembre 2013 par la ville, l’article 89 a rendu l’agriculture urbaine commerciale légale, tout l’encadrant de façon détaillée », a précisé Mme Murnane.
2011-2012. Planification et mise en place d’un projet pilote de ferme urbaine commerciale. Le but était de bien cerner toutes les étapes nécessaires à la création d’une microferme dans le respect des règlements municipaux tout en mettant en œuvre des mesures pertinentes d’acceptation sociale.
Des mesures concrètes pour faciliter le cheminement administratif
Une fois l’article 89 adopté, le Bureau des initiatives alimentaires a voulu s’assurer que ce texte, légal et complexe, soit lisible et que les démarches des fermiers potentiels soient facilitées auprès des nombreux services municipaux concernés.
- En collaboration la Boston Redevelopment Authority la ville de Boston a produit, en 2014, une version vulgarisée de l’article 89 : Article 89 Made Easy.
- La Harvard Food Law and Policy Clinic et le Bureau des initiatives alimentaires ont produit en 2014 un premier document qui explique chacune des étapes administratives à franchir pour créer une ferme de moins d’un acre : à quel service s’adresser, à quelle personne parler, à quelle étape, etc.
- Une application intégrant l’article 89 au règlement de zonage de Boston a été créée. En entrant une simple adresse dans cette application, l’utilisateur peut savoir immédiatement ce qu’il est possible de développer à cet endroit : ferme sur toit, ferme intérieure, culture hydroponique, apiculture, etc. L’application lui donne aussi accès aux informations nécessaires à la réalisation de son projet.
D’autres projets et mesures sont en cours dans ce dossier foisonnant, qui s’inscrit dans une forte volonté politique d’améliorer l’accès des citoyens à des aliments frais, sains, locaux et abordables, tout en favorisant le développement économique de Boston.
Veille Action – 5 novembre 2015
1. Le SAM est une instance composée de 35 partenaires qui travaillent sur une vision commune et cohérente du système alimentaire de la ville. Initialement piloté par la Conférence régionale des élus, le SAM relève maintenant de l’organisme Concertation Montréal.
2. Un conseil de politique alimentaire est une instance bénévole qui rassemble tous les acteurs du système alimentaire dans le but d’en examiner le fonctionnement et fournir des idées, des moyens et des recommandations sur la façon de l’améliorer.
